La
vérité en "Noir OU Blanc" des Shadoks
"C'est
en raisonnant que l'on devient voyant...
Gabozomeu...
Le
lecteur connaît probablement ce dessin animé célèbre,
ces curieux oiseaux aux longues pattes, nommés les "Shadoks".
Comme leurs rivaux les "Gibis", ils vivent sur (ou
dans) un monde plat, qui donne tout son sens au mot "planète" (comme "plan").
Les Shadoks ont dans
les années 1970 divisé la France en deux camps
: les "shadokophiles" (ceux qui aiment les Shadoks)
et les "shadokophobes" (ceux qui détestent
les Shadoks).
En
effet, à part leur principale et vitale occupation qui
est de "pomper", et leur vocabulaire très
restreint (fait seulement de quatre mots ou syllabes : GA,
BU, ZO, MEU), la caractéristique de ces Shadoks est
aussi qu'ils sont "bêtes
et méchants", contrairement à leurs rivaux
les Gibis, qui passent pour être "intelligents et
gentils"...
Le
cas des Shadoks est très riche en enseignements, et
si je l'évoque, ce n'est pas pour convertir le lecteur
en "shadokophile" ou en "shadokophobe",
mais simplement traiter (sur toile de fond de leur "grande
sagesse") une très
importante question concernant la logique : le
problème
de la logique des
humains...
Les
Shadoks ont
une logique... qui justement est ce qu'on
considère
habituellement comme étant tout sauf de la logique !
C'est l'anti-logique même, ce que l'on appellerait volontiers
le chef d'oeuvre même de l'absurdité.
Absurdité ?
"Pourquoi
faire simple quand on peut faire compliqué ?"
Voici
par exemple quelques unes des célèbres devises
des Shadoks :
* « Il
vaut mieux pomper d'arrache-pied même s'il ne se passe
rien que risquer qu'il se passe quelque chose de pire en
ne pompant pas. »
* « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?! »
* « S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème. »
* « Je dis des choses tellement intelligentes que,
le plus souvent, je comprends pas ce que je dis. »
* « Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser
sa connerie sur des choses intelligentes.»
* « C'est en forgeant que l'on devient musicien. »
* « Ce n'est qu'en pompant que vous arriverez à quelque chose
et même si vous n'y arrivez pas... hé bien ça vous aura
pas fait de mal ! »
* « Il faut pomper pour vivre et donc vivre pour pomper. »
* « Tout avantage a ses inconvénients et réciproquement. »
* « Avec un escalier prévu pour la montée, on réussit
souvent à monter plus bas qu'on serait descendu avec un escalier prévu
pour la descente. »
* « Mieux vaut regarder là où on ne va pas, parce que,
là où on va, on saura ce qu'il y a quand on y sera ; et, de toute
façon, ce sera jamais que de l'eau.»
(cette dernière devise est une des devises des marins Shadoks...)
Où
se trouve la vraie absurdité
?
Beaucoup
de ceux qui aiment les Shadoks le font sans doute parce que
justement ils pensent que c'est le summum même de l'illogisme,
de la bêtise ultime qui fair rire. Et pourtant à y
regarder de plus près, les Shadoks ne disent pas que
des "shadokeries"...
C'est même souvent à se demander si les vrais Shadoks ne sont pas
ceux qui les aiment (les Blancs)... ou les détestent (les Noirs)... ou
ceux
que
la
question
laisse
complètement indifférents (les Gris)...
Et
l'affaire devient très sérieuse
si on apporte la preuve aujourd'hui qu'une absurdité est
toujours une autre logique ! Dans les conceptions actuelles,
des phrases comme "S'il n'y a pas de solution, c'est
qu'il n'y a pas de problème" ou "C'est
en forgeant que l'on devient musicien", ou encore "Tout
avantage a ses inconvénients et réciproquement",
sont au mieux logiquement fausses, et au pire ne veulent
rien dire, comme aussi cette phrase : "Le contraire
de toute vérité est toujours une autre vérité".
Là, ce ne sont pas les Shadoks qui le disent mais moi
le Gibi... Il
faut
le
prouver
immédiatement...
Le
daltonisme logique
Les Shadoks classiques et les Shadoks intuitionnistes
Les Shadoks
(c'est moi qui les appelle ainsi, mais eux
pensent être des Gibis...) raisonnent en termes de Vrai ou Faux.
D'après la logique des Shadoks, un énoncé ne
peut être "Vrai ET Faux".
Dans leur monde donc, une chose est soit vraie soit fausse,
mais jamais les deux à fois. Ils appellent
une contradiction le
fait de dire une chose et son contraire à la
fois; par
exemple : "Il pleut ET Il ne
pleut pas", ou "Je suis en train
de pomper ET Je ne suis pas en train de
tomper", ou encore
: "La
feuille de papier que je tiens dans la
main droite
est
blanche ET La feuille
de papier que je tiens dans la main droite
n'est pas blanche".
Les Shadoks
ne peuvent donc pas concevoir qu'une chose ait un attribut
et en même temps
le contraire du même attribut,
qu'elle soit et ne soit pas à la fois.
Cela dépasse leur entendement.
Ils disent que c'est impossible, donc que
c'est contraire à la
raison et absurde de dire que c'est possible.
Ils ont énoncé une
loi qui interdit de se contredire, et ils
appellent cela le principe
de non-contradiction* : « Il
est impossible qu’un même attribut appartienne
et n’appartienne pas en même temps et sous le même
rapport à une même chose » (Aristote,
Métaphysique, 1005 b 19-20), dit le Shadok qui a précisément
énoncé cette loi.
Il faut dire
qu'on
distingue chez les Shadoks deux catégories, les classiques et
les intuitionnistes.
Voici comment les Shadoks classiques utilisent
souvent le principe de non-contradiction dans
un de leur raisonnement qu'ils appellent le raisonnement par l'absurde :
Si
en
posant comme hypothèse qu'une chose A est fausse,
et que cela aboutit à la conclusion
qu'une autre chose B est vraie et fausse à
la fois (donc contradictoire), alors on doit revenir sur ses pas et
conclure
que
A est vraie.
Et
donc aussi, si en faisant l'hypothèse que A est
vraie cela aboutit au fait de dire qu'une
certaine chose B est vraie et fausse à la
fois, on doit faire marche arrière et dire que A est
fausse. En d'autres termes, si une hypothèse conduit à une
"shadokerie", alors on doit adopter le contraire
de cette hypothèse.
Les
Shadoks intuitionnistes n'acceptent pas le raisonnement par
l'absurde; mais tous acceptent le
principe
de non-contradiction qui
est donc la base la plus commune à toutes leurs sciences et
à tous leurs raisonnements. La petite chose qui différencie
les intuitionnistes des classiques, c'est que pour eux, une
chose
qui n'est
pas fausse n'est
pas obligatoirement vraie... Autrement dit,
ils acceptent seulement qu'une chose ne peut être vraie
ET fausse en même temps, mais elle peut être NI
vraie NI fausse. Mais
pour les classiques, elle est toujours obligatoirement l'un
des
deux; si donc ce n'est pas
l'un, alors c'est forcément l'autre, et vice-versa.
Pour eux donc, il ne peut y avoir une situation intermédiare,
une troisième
possibilité ne peut exister. C'est ce qu'ils appellent
le principe
du tiers exclu.
On peut
ne pas pouvoir dire lequel de A ou de non-A (c'est-à-dire
le contraire de A) est vrai.
Autrement dit, on peut ne pas être capable de démontrer
qu'un
énoncé A est
vrai, sans pour autant être capable
de démontrer
que A est
faux. Dans ce cas A est dit indécidable.
(Toute cette logique ainsi résumée est illustrée en image ici,
sous forme du problème des routes des
Shadoks).
Et maintenant,
quel est le problème des Shadoks ? Qu'est-ce qui ne
va chez eux ? Découvrons cela en couleur... ou plutôt en "Noir
OU Blanc"...
"Blanche ET Noire..."
et le principe de non-Gris
Dans un
monde où tout le monde est naturellement
aveugle-né, on
ne sait pas ce que c'est que les couleurs; et les gens ne
savent pas qu'ils sont aveugles, car ils ne savent même
pas qu'il existe une faculté appelé dans un
autre monde la vue,
et donc qu'ils pouvaient avoir cette faculté s'ils
n'étaient
pas tels qu'ils sont.
Il faut qu'un extraterrestre (ou simplement un voyant) vienne
leur décrire
leur problème,
à l'aide d'autres réalités qu'ils connaissent,
et ainsi les
"soigner
" et leur (re)donner la vue sur le
plan logique.
Puisque
les Shadoks ont (heureusement) une perception normale (ou presque...)
des couleurs, il faut traduire leurs problèmes
de logique en problèmes
de perception des couleurs.
Les Shadoks
"heureusement" voient les couleurs de l'arc-en-ciel,
qui vont du Rouge ou Violet. Mais il y a aussi des couleurs
avant le
Rouge (les infrarouges) et des couleurs après le Violet
(les ultraviolets) que les Shadoks ne voient pas. Les objets
qui
ont ces couleurs sont invisibles pour eux. C'est donc par d'autres
sens et par d'autres moyens que les Shadoks peuvent percevoir
leur existence. Et il faut dire (ce que les Shadoks ne savaient
pas ou ne le réalisaient pas comme ils devaient le réaliser...),
que le plus grand instrument de perception de l'Univers est
le cerveau,
et sa
faculté de perception est la logique.
En
ne raisonnant qu'en terme de Vrai et Faux,
le cerveau des Shadok fonctionne comme s'il ne voyait que le Blanc (le
Vrai) et le Noir (le Faux), et c'est là leur
problème.
Une chose qui est "Vrai ET Faux" peut être vue
comme
vérité entre le Vrai et le Faux,
exactement comme le nombre 0.5 est entre 0 et 1.
La logique des Shadoks est exactement aussi comme s'ils ne connaissaient comme
nombres que le 0 et le 1,
mais ne connaissent aucun nombre qu'on peut interpréter comme étant à la
fois 0 et
1, ou à la rigueur comme n'étant "NI l'un NI l'autre". Or 0.5 est
un candidat naturel pour une telle interprétation.
Présentons
maintenant une feuille aux Shadoks, Blanche du côté recto et
Noire du côté verso :
Et maintenant
une simpleme question : "Quelle est la couleur de cette
feuille ?"
a) Blanche
b) Noire
c) "Blanche
au recto ET Noire au verso"
d) Mi-Blanche Mi-Noire ("moitié-moitié" donc)
e)
Blanche ET Noire
f) NI Blanche NI Noire
Il y a de
la vérité dans ces réponses,
même dans les deux premières a) et b). Au pire
elles disent seulement la moitié de
la vérité, car effectivement comme le disent les réponses c)
et d), et même simplement
l'énoncé du problème,
la feuille est Blanche au recto et Noire au
verso. Il faut voir la réponse e) comme disant plus simplement
ce que dit c) et l'énoncé, mais en parlant globalement de la
feuille, sans la subiviser en ses parties ou sous-ensembles.
Par exemple, les spécificités d'une région de France es une
qualité de la France entière, et l'ensemble de ces spécificités
fait partie de l'ensembles de toutes les qualités de la France
prise globalement, sans qu'il soit nécessaire de les détailler
morceau par morceau. La réponse f) dit la même chose que e),
mais négativement. Il est bien de dire
ce que les choses ne sont pas, mais il est
mieux de dire quand on peut, ce que les choses sont.
C'est ici,
avec la réponse "Blanche
ET Noire" (qui veut dire donc "Blanche
ET non-Blanche") que se
pose le problème même de la contradiction, mais aussi sa
très simple solution : Il faut voir les énoncés du genre
"A
ET non-A" (qu'on appelle contradiction chez
les Shadoks) comme exprimant une propriété globale d'une
certaine chose. Elle dit que la chose en question, vue dans
un certain contexte ou sous un certain angle possède l'attribut
A, et vue dans un autre contexte ou sous
un autre angle possède le contraire de cet attribut, non-A.
Si on ne sait pas que les deux attributs contraires appartiennent
à la même chose, on peut croire qu'on a affaire à deux choses
séparées, et les étudier comme telles. Les Shadoks connaissent
ainsi par exemple une chose nommée proton et
une autre nommée
électron. Mais qui nous dit que les
deux ne sont pas que deux facettes d'une certaine même réalité
? Et si dans un forum de discussions sur internet nous connaissons
sous un pseudonyme A une personne qui tient
certains propos dans un contexte, puis sous un pseudonyme B une
autre personne dans un autre contexte (ou simplement dans
le même contexte), qui tient exactement les propos contraires
des premiers, doit-on obligatoirement conclure que A et B ne
peuvent pas être la même personne ? Une personne
peut tout à fait avoir des opnions différentes selon les
problèmes et les contextes, ou simplement être de nature contradictoire,
une espèce de don d'ubiquité en
matière de logique.
C'est une nature comme une autre, elle existe.
Une autre
version du même problème : au lieu d'une feuille
souple, nous avons une plaque rigide, elle aussi Blanche au
recto et Noire au verso. Si
on fait subir un moment de rotation à cette feuille
suivant un axe vertical (comme le montre le schéma),
elle présente alternativement la face
Blanche et Noire. Et si la vitesse de rotation est assez rapide,
la feuille sera vue comme... Grise, la couleur
qui veut dire simplement : "Blanche et Noire" :
Le principe
de non-contradiction formulé par le Shadok Aristote
apparaît donc comme un principe de non-Gris.
On peut pour une raison ou une autre interdire la couleur Grise dans
un monde ou un contexte donné, mais cela ne doit pas du tout
dire que la couleur Grise est impossible,
pour reprendre le terme employé par Aristote dans son principe. On
peut donc à la rigueur interdire d'être contradictoire,
mais certainement pas de dire qu'il est impossible que deux
attributs
contraires
appartiennent à un même être, ainsi que le Shadok Aristote
l'a formulé dans son principe. Et même d'une manière très
générale, c'est le fonctionnement même de l'Univers Il
y a tout simplement cette vérité: "Je
fais partie de l'Univers. Si je dis une phrase, c'est donc
l'Univers qui l'a dite par sa partie que je suis. Et si je
dis le contraire de la même phrase, c'est toujours
l'Univers qui aura dit ce contraire.'" L'Univers
est par définition le TOUT. Il y
a donc tout et son contraire dans l'Univers, et toute chose
(et donc aussi le contraire de toute chose) est un attribut
du seul et même Univers. L'Univers est-il donc absurde ?
Si oui alors, c'est que cette absurdité-là est en réalité normale,
tandis que la vraie absurdité est celle qui NIE la
vérité de l'Univers tout entier, la loi universelle.
En parlant
d'absurdité, rappelons que le raisonnement par l'absurde
des Shadoks classiques disait : "Si en faisant l'hypothèse
qu'une chose est Vraie cela conduit à la conclusion
qu'une autre chose
est une contradiction, alors la première chose est Fausse".
Cette déclaration très sensée revient
pourtant à dire ceci
dans le modèle des couleurs : "Si en faisant
l'hypothèse qu'une chose est Blanche cela conduit à la
conclusion qu'une autre chose est Grise, alors
la première chose est Noire". Et
on voit que cette démonstration par l'absurde qui
est très sensée en logique classique (ou logique
binaire) devient une absurdité (ou "shadokerie")
dans une logique comme la logique
chromatique (la logique des couleurs). Affaire à suivre
sur les routes compliquées des Shadoks...
Les
routes compliquées des Shadoks
Le problème
de la Logique des Shadoks peut être présenté avec un autre
modèle, beaucoup plus parlant
visuellement et concrètement, beaucoup plus convainquant,
et que nous allons examiner maintenant. Il suffit pour cela
de présenter seulement le problème
des Shadoks
dits classiques*. Les
autres autres Shadoks, les intuitionnistes,
ont fondamentalement le même problème, qui est simplement de
faire une logique obéissant au principe de non-contradictionJe
dirais même que quitte à accepter ce principe, autant accepter
tout ce qui va avec et qui s'inscrit dans son esprit, comme
le principe du tiers exclu. Mais quitte à
refuser quelque chose de la logique classique, autant tout
refuser carrément et fonctionner avec la logique des Gibis,
infiniment plus simple et plus puissante !
Faire une
logique obéissant au principe de non-contradiction,
non seulement cela affaiblit la logique et la transforme en
logique de "Noir OU Blanc" (sauf chez
les intuitionnistes où existe la version négative du Gris,
à savoir "NI Noir NI Blanc"),
mais cela complique terriblement et inutilement les choses.
Nous allons maintenant poser le problème de la Logique des
Shadoks (ou ses points clefs), en le transformant un problème
équivalent, concret, très visuel et beaucoup plus parlant que
ce problème traduit en logique chromatique (le modèle des couleurs).
Il s'agira de couleurs aussi, mais juste pour représenter les
deux valeurs de vérité,
le Vert (comme le Feu Vert sur
la route) pour signifier Vrai ou Possible ou
Permis ou Sécurité,
et le Rouge (comme le Feu Rouge)
pour signifier Faux ou Impossible ou Interdit ou Danger !
Le but et
l'objectif est très simple pour les Shadoks (comme pour
les Gibis), on leur demande simplement de construire des villes
sur leur planète, partout où ils veulent, et
de construire des routes (soit à sens unique soit à double
sens, c'est comme ils en ont envie) reliant leurs villes. Le
besoin est simplement de pouvoir circuler dans ce monde et
de la meilleure des façons. Mathélatiquement, cela
veut dire simplement qu'on veut, en partant de n'importe quel point A de
ce monde ou espace, pouvoir se rendre à n'importe quel
autre point B de
ce monde, en suivant une ligne de la forme qu'on veut (et qui
représente une route) entre A et B.
On doit indiquer sur chaque ligne le sens de parcours. Si on
peut aller de A à B et
de B à A, alors on peut
l'indiquer par une ligne entre A et B avec
deux flèches (une pour chaque sens), ou avec deux lignes
entre A et B, une pour le sens
de l'aller et l'autre pour le sens du retour. De toute façon
on peut mettre autant de lignes que l'on souhaite entre deux
points quelconques A et B,
qui représentent autant de routes que l'on souhaite. Mais...mais...mais...
Chez les
Shadoks :
La
planète des Shadoks et la logique de construction de leurs villes
et routes.
L'essentiel de toute la Logique des Shadoks est représenté sur
cette image.
Les points Verts sont les "Vrai" et les points Rouges
sont les "Faux";
Les points symétriques A et A' par exemple sont contraires (ou
négations)
l'un de l'autre;
si donc l'un est Vrai, alors l'autre est Faux, et vice-versa.
Les points Oranges et tous les points de cette ligne, sont
leur propres contraires, donc sont contradictoires;
le point I est Indécidable, car on ne peut pas dire s'il est Vert
ou Rouge, ou même contradictoire.
Les routes sont uniquement tracées entre les points Verts,
et elles représentent un cheminement de démonstration.
Si on peut aller d'un point ou d'un ensemble de points (comme
ici D et F' ) vers un
point (comme ici B),
en passant événtuellement par d'autres (comme ici G'),
alors le point d'arrivé est démontré à partir du (ou des) précédents.
On ne doit en aucun cas franchir la ligne de contradiction, ni
même la rencontrer;
si un point y conduit, c'est qu'il est Rouge;
on s'était alors engagé sur une Fausse route (Raisonnement
par l'absurde),
qui conduisait en Enfer, chez le Diable...
car il faut que le Diable habite dans cette planète
pour que les routes soient si compliquées et voyager soit si
dangereux...
Une ville
est appelé un énoncé,
et le fait de partir d'une ville A pour
aller à une ville B s'appelle
une démonstration ou une déduction. A est
l'hypothèse ou le point de dépar, et B est
est appelé une conclusion ou un théorème.
Si A est un point de départ absolu, c'est-à-dire
si on ne peut arriver à A à partir
d'une autre ville, alors A est appelé un axiome.
Si on a une bonne raison pour cela et que l'on juge qu'acune
route ne doit jamais partir d'une ville
A, ni arriver à A,
ni passer par A, alors A est
appelée une ville Rouge ou Fausse ou Impossible ou Interdite ou Danger !
Mais dans le cas contraire, si A peut être
une ville de départ, ou d'arrivée ou de passage, alors c'est
une ville Verte ou Vraie ou Possible ou Permise ou Sécurité.
Et si pour toute raison que l'on juge justifiée, on veut
qualifier une ville de Verte-Rouge, on est
libre aussi de le faire. La raison peut être par exemple
que cette ville
alterne entre le Vert et
le Rouge, tantôt Verte tantôt Rouge,
tantôt Vraie tantôt Fausse,
tantôt Sûre tantôt Dangereuse.
Cà peut être cela ou simplement parce qu'on a décidé ainsi
parce que cela fait plaisir. En tout cas une telle ville sera
alors appelée une ville Orange (comme
le Feu Orange), et sera dite contradictoire.
Et si on a envie pour chaque ville A de bâtir
une ville A' appelée aussi non-A qui
lui jumelée, de sorte que si l'une est Verte sa
jumelle est Rouge et vice-versa, on est libre de
le faire, ou de ne pas le faire. Et si on veut le faire et
si manque d'idée pour le réaliser, si par exemple ce monde
est
plat comme
celui des Shadoks, on peut tracer une droite nommée L comme
"ligne) et partageant ce monde en deux parties égales. Si A est
une ville de l'une des deux moitiés, alors le symétrique de
A par rapport à la doite L est
ce qu'on appellera A' ou non-A.
Si on décide que A sera Vert,
alors A' (ou non-A) sera
Rouge; mais si c'est A' qui
est choisi comme
Vert, alors A sera Rouge.
Les points A et A' sont alors
appelées les contraires (ou "négations") l'une de l'autre.
Si donc on tient à cette contrainte et que l'on maque l'idée,
en voilà
une,
si
l'on
vit dans un
plan
comme
les Shadoks.
Sinon
on peut s'arranger comme on veut, pour construire
les villes deux à deux dans ce monde, et leur faire obéir à
cette règle, si vraiment cela fait plaisir...
Et si
on veut, la ligne L peut être être
appelée "Ligne de Contradiction",
car chaque point de cette Ligne est son propre contraire.
Il est donc Vert-Rouge (ou Orange),
donc contradictoire, comme on a décidé d'appeler
de tels points ou villes...
Chez
les Gibis :
Bref, quel
est le problème dans tout cela ? Le
problème dans cette affaire est justement qu'il n'y
a pas de problème, disent les Gibis, et ils ont raison
!
Le problème dans toute cette affaire est qu'il n'y a pas de problème
!
Chez les Gibis, on fait comme on veut, TOUT est Vert !
Les Shadoks le disent, mais ce sont le Gibis qui le font :
« S'il
n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème» !
Oui, le
seul problème est qu'on fait comme on veut ! Et
dans ce cas on fonctionne avec ce que les
Gibis
appellent l'alternation ou Logique
alternative (la liberté totale quoi !),
mais que les Shadoks eux qualifient de contradiction,
d'absurdité totale, d'illogisme
absolu, de "tout et n'importe quoi",
de grand Capharnaüm, parce que "Tout
est possible", "Tout
est vrai", et qu'il n'y a pas de règles
imposée à l'avance,
sauf celle de la liberté totale !
Et si cette liberté est un problème, alors elle est aussi la solution. Car cette
liberté n'interdit
nullement de se donner les règles que l'on
veut, si on veut se les donner, de les changer à volonté si
on veut les changer.
Comme
le montre le système de villes et de routes des Shadoks,
pour qu'ils se livrent à toute cette complication logique,
c'est parce que quelque chose de très anormal existe
dans leur planète, un grand Danger comme
le Rouge ! Cela frappe immédiatement
l'extraterrestre qui débarque sur cette planète les
Shadoks zigzaguer à ce point pour éviter comme
des mines plantées un peu partout, et qui font qu'on ne
peut pas bâtir où l'on veut, marcher où l'on veut, circuler comme
l'on a envie, bref faire tout ce qu'on veut ! Les
Shadoks trouvent que c'est très
dangereux de tout permettre, et ils ont raison !
Mais ils oublient de dire que si c'est dangereux c'est simplement
parce que le Danger existe chez eux, oui
le Diable habite parmi eux
et en eux ! Comme les Gibis, ils doivent apprendre à
identifier le Diable pour l'éliminer sur leur planète, pour
retrouver toute la liberté...
En tout cas
voici la simple vérité : qu'ils disent qu'instaurer la liberté
totale est dangereux, impossible ou difficile,
cela se comprend. Mais une toute autre affaire est de dire
que ce n'est pas un avantage consdérable, que c'est absurde,
sans intérêt, tout et n'importe quoi. Entre d'une organiser
sa planète comme on le souhaite et sans aucune contrainte,
circuler
comme
on a envie, pouvoir à partir d'un point A aller
à n'importe quel autre point B; et
d'autre part être soumis à une très lourde contrainte comme
le principe
de non-contradiction, qui ne donne le choix finalement
pratiquement qu'à un seul système d'organisation de la planète,
il n'y a pas photo ! Si on dit que là où il y a d'office
une contrainte (si petite soit-elle, et à plus forte raison
si
elle est très
lourde et limitative), c'est préférable à là où il n'y en pas
du tout, et où l'on a toujours la liberté de se donner soi-même
des contraintes ou pas, alors c'est que vraiment quelque chose
ne va pas. Seul le Diable lui-même qui s'accroche à sa planète
et à son pouvoir peut dire cela. La Logique des Shadoks, c'est
alors simplement sa Logique...