La science ou
la philosophie de l'illéttré...
Pour
que tu comprennes, très cher Théophile, très chère
Angélique...
Depuis
2004, en commençant par l'académie
de Clermont-Ferrand où j'étais professeur
de mathématiques et sciences en lycée
professionnel, j'ai adressé mes travaux de
nouvelle mathématique au monde académique.
Le grand défi était de convaincre que
ma nouvelle science était crédible.
D'autant plus qu'elle sort donc des sentiers battus
et des schémas
de pensée traditionnels. Et surtout, elle présente
une grande originalité : elle traite de Dieu
!
On
considère que quand on traite de Dieu, on n'est
plus en mathématiques, mais en religion, en
théologie ou en philosophie ! La nouvelle science,
en règle quasi générale, n'est
pas acceptée par la religion ou la
théologie, car elle apparaît comme une
hérésie. Et la philosophie est devenue
une chose académique, et elle obéit aux
règles académiques.
Un
paysan Kabyè illéttré a sa conception
des choses, une vision du monde, qui sont ni plus ni
moins une philosophie comme une autre. Il est simplement
un philosophe, dans le sens le plus naturel du terme
! Mais ce n'est pas pour cela que sa vision des choses
sera enseignée dans une faculté de philosophie,
ou que ses idées seront publiées dans
une revue de philosophie ! C'est là le fond
du problème, qu'internet contribue à résoudre
en partie, car c'est un espace de liberté (en
principe), où toutes les idées peuvent
s'exprimer, en particulier celles qui ont très
difficilement la parole dans les institutions académiques
traditionnelles.
Ce
combat pour faire accepter (ou même simplement
pour faire connaître !) ma vision des choses,
je l'ai donc commencé en 2004, dans l'académie
de Clermont-Ferrand, sans aucun succès ! Dieu
avec les maths, les maths avec Dieu, ça ne passe
pas ! Et une science qui remet à ce point en
question tous les paradigmes actuels à fort à faire
pour être acceptée ! Il faut préciser
(et c'est un facteur à ne pas négliger
du tout !) que je suis noir, d'origine togolaise, d'ethnie
Kabyè. Ce n'est donc pas pour rien que j'ai
pris l'exemple du philosophe Kabyè, "paysan
et illéttré" pour compliquer encore
les choses !
En
ce qui me concerne, je
ne suis pas "illéttré", mais
là encore c'est relatif. En effet, ça
dépend par rapport à qui on est comparé.
Un simple licencié comme moi (en tout cas c'est
mon niveau universitaire officiel) est un "illéttré" comparé à un
maître de conférence (comme Kokou
Tchariè) ou à un plus gradé dans
l'échelle de grandeur universitaire, comme Jean-Pierre
Bourguignon par exemple, à qui je
m'adresse ici. Quand je lui ai écrit en 2007,
j'étais à Pagouda dans ma région
natale au Togo, où mes travaux de la Science
de l'Existence se poursuivaient. Trois ans
auparavant, en France, quand j'ai commencé à soumettre
mes travaux à l'académie de Clermont-Ferrand, j'étais
un simple prof en lycée professionnel, et non
pas un professeur d'université, enseignant chercheur,
ou un chercheur au CNRS. On ne s'improvise pas chercheur
capable de révolutionner la science, quand on
n'est qu'un simple prof de maths en lycée professionnel,
qu'un simple licencié, qu'un simple paysan Kabyè illéttré,
comparé à ceux à qui on s'adresse.
Et enfin (et il ne faut pas le négliger), on
n'est qu'un simple noir !
Quand on devient
dur...
Au
Togo, le facteur racial est éliminé.
Je m'attendais à être mieux accepté (et
même simplement à être mieux compris)
par le monde universitaire togolais. D'abord par le doyen
de la faculté des sciences (où j'ai
obtenu ma licence scientifique vingt ans plus tôt
!), et ensuite par un maître
de conférence en mathématiques dans
la même université à qui le président
togolais (que j'ai rencontré en audience pour
lui soumettre mes travaux) a confié l'examen
du dossier.
Mais
avant cela et même parallèlement à cela,
j'ai multiplié des démarches en direction
de la France, via le Consulat
de France au Togo. Que ce soit au Togo ou
en France, la logique universitaire ou académique
est la même. Mêmes qualités et surtout
mêmes défauts. Mais les autorités
universitaires togolaises n'ont pas plus accordé une
valeur à la Science
de l'Existence que celles françaises,
et ce principalement pour des raisons propres au Togo
(et même à l'Afrique noire en général).
Il suffit de lire le voluminueux courrier adressé au maître
de conférence Kokou Tchariè pour
les comprendre. Il n'y a qu'à un togolais et
plus précisément à un Kabyè,
qu'un autre Kabyè peut dire les choses ainsi,
qui sont difficillement compréhensibles en occident,
pour un courrier mathématique ou scientifique
!
Le
moins qu'on puisse dire est que mon courrier scientifique à Tchariè est
très peu orthodoxe dans la forme, en plus de
l'originalité même de la nouvelle science,
qui est l'un des facteurs clefs du débat ou
plutôt du combat ! Le ton de mes courriers avait
progressivement changé au fil des ans et des échecs
dans mes tentatives de me faire comprendre. Face à la
très dure réalité et aux murs
d'incompréhension, et souvent à la mauvaise
volonté !, je suis simplement devenu moi-même
très dur, alors que ce n'est pas ma nature profonde.
Je respecte beaucoup les gens et je leur fais spontanément
confiance. Pour tout dire, Théophile, je suis
simplement le naïf dans toute sa purété et
son ingénuité même ! Et quelqu'un
qui est ainsi ne pas vraiment être violent et
encore moins méchant.
Mais
seulement voilà : le monde est dur, très
dur, méchant, très méchant. Et
il ne fait pas du tout bon d'être ingénu
dans ce monde, surtout quand on fait quelque chose
qui le remet en question, qui le dérange, qui
dérange le Diable si j'ose dire ! On croit beaucoup à ce
qu'on fait, on parle au monde avec tout son coeur,
en pensant naïvement qu'il comprendra, qu'il réagira
favorablement, et qu'il acceptera facilement ce qu'on
fait. Mais on tombe de haut, car on ne récolte
que des gifles, on s'écrase contre des murs
! Et la seule vraie façon de ne pas se faire
de mal, c'est de devenir dur, très dur, comme
le Diable en face ! Alors on ne lui parle plus comme
on lui parlait avant, on laisse tomber les gants, on
envoie paître les courtoisies à son égards...
Nul n'est prophète
dans son pays...
Quand
on est un noir, un Kabyè; quand on a réfléchi
toute sa vie sur les choses; quand on s'est très
durement formé soi-même pour compléter
la formation de licence qu'on a réçu
pour atteindre un haut niveau scientifique qui n'a à rougir
de rien devant les grands; quand on a fait des recherches
et des travaux scientifiques, l'oeuvre de toute une
vie; et quand ces travaux ne sont pas reconnus à Clermont-Ferrand, à Paris
ou dans une prestigieuse université française,
c'est très dur à accepter, mais cela
peut encore se comprendre et s'admettre. Car après
tout, les très
riches et développés blancs n'ont
pas eu besoin d'un pauvre
petit Kabyè pour devenir ce qu'ils
sont, n'est-ce pas ?
Alors
avec toute l'expérience acquise en occident,
il faut aller proposer aux "pauvres" Kabyè ses
services, il faut retourner dans sa région natale,
car là tout est à faire ! Là,
même la plus mauvaise science est tout un trésor,
car c'est déjà pas mal pour les noirs
de commencer à affirmer leur philosophie, à créer
leur propre science, à inventer quelque chose
de nouveau, même si ce qui est inventé est
mauvais ! Là, vraiment, dans le trou du monde,
tout est bon à prendre !
Trou du
monde
C'est
alors une chose terrible quand les togolais, et plus
particulièrement encore des Kabyè, ne
permettent pas à la science du petit Kabyè d'éclore
dans l'université togolaise. Pas même
dans la société togolaise, comme un simple "petit" philosophe,
bien du pays. Et pas même au pays Kabyè,
dans ce trou du monde où tout ou presque est à faire
! Que les blancs traitent de fou un noir qui leur parle
de choses auquel on croit au pays noir, cela se comprend.
Mais que les noirs traitent de fou un noir qui fait
d'une science les choses qui font partie de leur réalité,
c'est très dur à supporter ! Il faut
avoir vécu cela pour vraiment le comprendre
!
Je
comptais beaucoup sur RFI...
Au
pays Kabyè, je me suis retrouvé obligé de
faire appel aux blancs pour la nième fois, pour
tenter désespérément de faire
enfin valoir mon oeuvre. RFI (Radio France Internationale)
est une radio très écoutée en
Afrique noire. C'est d'ailleurs pour moi et ma famille
venus de France, quasiment le seul média en
ce lieu qui nous permet de nous tenir informés
de l'actualité internationale, française,
et même togolaise parfois !
Sur
RFI passent de nombreuses émissions qui traitent
de ce qui est fait en Afrique par les africains, pour
s'émanciper, pour se développer. Beaucoup
d'initiatives locales, même très modestes,
y sont présentées : simple poème,
un griot qui chante pour sensibiliser au problème
du sida, etc., jusqu'aux choses souvent très
loufoques, considérées débiles
ou arriérées en occident. Mais RFI ne
juge pas (en principe, en tout cas...), mais présente
simplement les peuples tels qu'ils sont, leurs cultures
propres, comment ils voient le monde et les choses.
Si
on traite jusqu'aux croyances les plus abracadabrantes
de telle tribu, alors je ne pouvais pas espérer
moins avec ma Science
de l'Existence ! Si RFI traite volontiers
de charlatans qui proposent leur mixture comme remède
au fléau africain comme le sida ou le paludisme,
c'est le moins que je peux espérer de sa part,
avec ma "sciencette" de l'Existence".
Si RFI en parlait au moins comme une de ces curiosités
locales ou gentilles élucubrations dont elle
traite d'émissions en émissions, c'est
déjà pas mal ! Je ne demandais pas un
prix Nobel, mais que l'on parle (comme on le fait pour
d'autres), du petit Kabyè qui fait sa petite
mixture scientifique ou sa philosophie loufoque au
milieu des cases en pleine brousse au fin fond de l'Afrique
noire. Une mixture qu'il présente comme une
révolution mondiale, mais qui au moins est une
petite révolution dans cette brousse où tout
ou presque est à faire ! Cela aurait été pour
moi un grand honneur et au moins un petit succès
si la radio avait parlé de moi ainsi. Je n'en
demandais pas plus !
C'est
dans ce contexte-là que je me suis adressé de
nombreuses fois à RFI et à plusieurs
animateurs, dont Benoît
Ruelle. Son émission "Idées" n'était
sans doute pas la plus appropriée pour le but
que je visais, mais il a au moins le mérite
d'être le seul qui m'a répondu parmi tous
les animateurs à qui j'ai écrit (comme
par exemple aux animateurs des émissions "Plein Sud",
"Religions du monde", "Microméga", etc.). Il m'a alors
dirigé vers Jean-Pierre
Bourguignon de l'IHES. En d'autres termes,
il me renvoyait à la case départ, pour
faire une énième fois quelque chose que
je faisais depuis trois ans déjà en direction
de la France, sans succès ! De plus, avant cela,
je m'étais déjà adressé moi-même à l'équipe
de Logique mathématique de Jussieu,
sans réponse. Avec tous ces éléments
que je viens de présenter, on comprend pourquoi
j'ai écrit à l'IHES sans grande conviction,
et surtout d'une manière qui pouvait difficilement
avoir une suite favorable, et même simplement
une réponse, et même simplement une lecture
complète du courrier, s'il est reçu...
Le
problème est ailleurs...
Quand,
Théophile, tes interlocuteurs ne cessent de
te dire que ton oeuvre n'a rien de révolutionnaire,
et même qu'elle n'a aucune valeur, tu commences
naturellement à défendre ton oeuvre, à souligner
sa valeur, puis à dire qu'elle a une grande
valeur, etc. Puis finalement, face toujours à ta
dévalorisation et à celle de ton oeuvre,
tu finis au fil des ans à dire à tout
bout de champ qu'elle est révolutionnaire, extraoridianaire,
etc., comme si le fait de le dire fera tilt ! chez
ceux à qui tu t'adresses, qu'ils finiront par
lui accorder l'attention que tu sollicites. Mais s'ils
y jettent un coup d'oeil, c'est pour te dire que vraiment ça
ne vaut RIEN, que tu as fait et que tu fais tout cela
pour RIEN !
Théophile,
Angélique, même si tu es le plus humble
de la planète (et je ne le suis sans doute pas...),
tu as ton amour propre, et un minimum de respect et
de considération que tu peux espérer
de la part de tes interlocuteurs à ton égard. Quand
tes interlocuteurs, du haut de leur position ou même
simplement de leur "race blanche" te méprisent,
t'écrasent et te disent que tu es moins que
RIEN, tu les contredis évidemment en souligant
ta valeur, tu mets en valeur tes atouts naturels, tu
leur fais sentir ton intelligence, ta capacité,
etc. Et, après des années, au plus fort
de ton agacement, de ton ras-le-bol, tu leur démontres
carrément que malgré leur
position ils sont RIEN !
Et
pire, quand tes interlocuteurs (parce qu'ils ne te
comprennent pas, ou même carrément par
méchanceté !) te disent à tout
bout de champ que tu es fou, ils finissent d'année
en année à te rendre vraiment fou. Et
cela leur donne encore plus de raison de dire que tu
es fou ! Et si tu écris à quelqu'un qui
ne connaît pas jusque là, pour lui présenter
une science qui sort des sentiers battus, des normes
traditionnelles, des schémas de pensée
orthodoxes, il est déjà enclin à dire
comme les autres qu'il a affaire à un fou. D'autant
plus si tu lui présentes cette science, après
que tous ceux qui lui ont précédé t'ont
progressivement transformé en fou...
Sans
cela, Théophile, tu ne peux pas comprendre pourquoi
par exemple j'écris à Jean-Pierre Bourguignon,
comme si quelque part j'avais affaire à Tchariè.
Mon ton est prétentieux et surtout agressif.
Et à sa place, franchement, si je reçois
une lettre d'un inconnu qui me parle ainsi dès
les premiers mots, il est fort probable que je ne lui
réponde pas, et même que je ne lise pas
sa lettre jusqu'au bout, qu'elle passe à la
poubelle. Je ne sais pas si c'est ce sort que mon courrier à Jean-Pierre
bourguignon a connu, ou si je n'ai pas eu de suite
pour une toute autre raison dont le Diable seul a le
secret...
Mon
courrier par sa forme fournissait au destinataire toutes
les raisons de ne pas y répondre, et même
simplement de ne pas aller au-delà des deux
premières lignes du texte. Et maintenant, cher
Théophile, chère Angélique, penses-tu
que si j'avais écrit à Monsieur Bourguignon
de la meilleure des façons, ou simplement comme
j'avais écrit à bien d'autres (qui n'avaient
pas grand chose à reprocher à la forme
de mon courrier), si donc je lui avais présenté cette étrange Science
de l'Existence de la meilleure manière,
l'aurait-elle accueilie favoarablement ? Cela l'arait-il
empêché, comme tous ceux avant lui, de
la considérer comme une pure élucubration,
ou comme l'oeuvre d'un fou ? Qu'ai-je fait aux premiers à qui
j'ai parlé de cette science, et qui étaient
des collègues ou même des amis !, pour
qu'ils me traitent de fou ? Franchement, Théophile,
le vrai problème de la Science
de DIEU est ailleurs que dans la manière
dont elle présentée...
Voir
:
Logique
mathématique de Jusssieu et IHES
(courrier l'équipe de logique mathématique de Jussieu
et au directeur de l'IHES)