"Une
dernière fois, Monsieur Scapin, la France ne peut vraiment
rien pour nous?"
Consulat de France au Togo
Pagouda le 8 Juin 2006
- Allô ? Monsieur Scapin ? C’est Monsieur Abli-Bouyo
de Pagouda. C’est pour vous dire que je viens de sortir
de prison. Le commissaire de Pagouda ne voulait pas enregistrer
notre plainte pour provocation à domicile, et quand il
a accepté enfin de le faire, c’était pour
rédiger un procès-verbal accusateur, pour me faire
dire ce que je ne disais pas. Ma femme et moi nous contestions
et exigions que son procès-verbal soit conforme à nos
dépositions. C’est alors qu’il s’énerve,
et il ordonne de m’enfermer. On m’a enlevé mes
chaussures, ma montre, mon téléphone portable,
et on m’a enfermé.
- On vous
a rendu vos affaires à votre
sortie ?
- Quand on
me les a enlevées, j’ai demandé qu’on
les remette à ma femme, ce qui fut fait. Mais là n’est
pas le fond du problème. Le problème est qu’on
m’a enfermé alors que je viens porter plainte, au
même titre que la partie adverse. Je trouve cette incarcération
abusive, il se passe des choses très anormales, et nous
sommes lésés dans nos droits. Nous avons besoin
du soutien de l’Ambassade de France pour faire respecter
nos droits.
- Mais malheureusement
la France ne peut rien pour vous, car c’est une question
de droit togolais et de justice togolaise, qui concerne un
citoyen togolais…
- Mais qui
est aussi un citoyen français…
- Mais l’affaire se passe au Togo, donc c’est le
droit togolais qui s’exprime dans ce cas-là, et
vous êtes soumis à ce droit.
- D’accord, mais n’existe-t-il pas un droit supérieur,
le droit international, le droit de l’homme, qui protège
un citoyen français au Togo, et qui fait que ce citoyen
ne peut pas subir n’importe quoi dans ce pays ?
- On n’est plus au temps de la colonisation, le Togo est
un état souverain, et la justice est souveraine. Vous êtes
soumis au droit et à la justice du pays dans lequel vous êtes.
Un chinois en France est soumis au droit français et à la
justice française, et la Chine ne peut rien pour lui s’il
est impliqué dans une affaire franco-française.
De même votre affaire est purement togolo-togolaise, et
c’est le Togo qui la gère.
- Vraiment
? Excusez-moi, Monsieur Scapin, alors que signifie cette information
portée sur la carte d’immatriculation
des résidents français au Togo : « Le titulaire
de cette carte est placé sous la protection consulaire
de la France » ?
- La France
vous protège dans une affaire qui implique
la France, ce qui n’est pas le cas de la vôtre.
- Vous voulez
donc me faire croire que vous, Monsieur Scapin commissaire
divisionnaire au SCTIP, citoyen
français au
Togo et membre du corps diplomatique français au Togo,
si un petit voyou togolais vous agresse dans la rue et va se
plaindre contre vous comme étant l’agresseur, si
quelqu’un au Togo porte une plainte mensongère contre
vous et vous accuse d’une grave faute, la police togolaise
peut vous emprisonner comme moi, sans que la France ne puisse
quelque chose pour vous ?
- Tout à fait…
- Et vous voulez vraiment me faire croire cela ?
- Je vous
dis que le Togo est un état
souverain.
- Et la France ne peut vraiment rien pour nous dans notre situation
?
- Je crains malheureusement que non.
- On peut
donc massacrer ou lyncher toute une famille française
au Togo sans que la France puisse rien pour elle.
- C’est cela même.
- Alors pourquoi
quand il y a des troubles dans un pays, comme c’est souvent le cas en Afrique, la France dépêche
l’armée pour veiller à la sécurité des
ressortissants français et pour les évacuer ?
- Mais la
France ne va quand même pas mobiliser son armée
pour venir régler une affaire privée impliquant
un citoyen français à Pagouda, hein, Monsieur Abli-Bouyo
?
- D’accord, mais je ne demande pas l’intervention
de l’armée française à Pagouda pour
nous sauver, mais je demande s’il n’existe pas une
assistance juridique à l’Ambassade de France, pour
AIDER un citoyen français victime d’une injustice.
Le droit togolais punit une faute et un commissaire togolais
applique théoriquement ce droit. Mais que se passe-t-il
si par incompétence, sous mauvaise influence, ou pour
toute autre raison, le commissaire vous accuse d’une faute
que vous n’avez pas commise, et vous incarcère abusivement
?
- Alors adressez
une plainte auprès du procureur de la
république qui couvre le lieu des faits. Et je crois qu’il
y a un procureur à Kara. Écrivez-lui pour porter
plainte contre le commissaire. Il n’y a que cela que vous
pouvez faire.
- Une dernière
fois, Monsieur Scapin, la France ne peut vraiment rien pour
nous ?
- Hélas non. Désolé.
- Merci, Monsieur Scapin.
- Au revoir monsieur.
Après
cet échange téléphonique,
j’ai dit à ma femme et à mes enfants : «Le
Togo nous maltraite, et j’ai le plaisir de vous annoncer
que la France ne peut rien pour nous. On peut nous lapider ici,
on peut nous égorger ici, la France ne peut rien pour
nous. Qui nous reste-t-il maintenant pour nous sauver ?» Et
ma fille Lauriane (6 ans) répond : L’Existence.
Aujourd'hui, elle dirait :
l'Univers TOTAL, ce qui pour
nous veut dire...DIEU!
La
guerre d'Alexandre au Togo contre la Science de Dieu...
"Va voir un psy avant que Martine, Alexis
et Lauriane n'en pâtissent"
Avril 2004 en France. J'étais
alors un enseignant de mathématiques et sciences en
lycée professionnel en France. Alexandre
POUYO est un frère au Togo. Nous sommes de même mère
biologique (Yawa
Colette ANATE), et pas de même père biologique,
mais nous
avons été élevés par le même père officiel, Ambroise
ABLI-BOUYO,
qui est le père biologique d'Alexandre. Mais pour une raison
qui ne regarde que lui, il a préféré se nommer POUYO, qui
est l'ancien patronyme de la famille avant 1974. Il est un
cadre au PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement).
Il était mon
correspondant et confident privilégié au
Togo.
En 2004,
j'informe pour la première fois Alexandre
que je faisais des recherches dans les fondements des sciences, et que je
travaillais à une nouvelle théorie, la Théorie
universelle des ensembles. Cette théorie est fondée
sur un nouveau paradigme: l'Univers TOTAL,
qui remet en question les paradigmes des sciences actuelles. Le nouveau
paradigme a pour conséquence que non seulement la question
de Dieu n'est plus exclue de la science, mais que Dieu est au coeur même
de la nouvelle science. C'est pourquoi donc la Science
de l'Univers
TOTAL peut tout naturellement être applelée aussi la Science
de Dieu. D'ailleurs son ancien nom dans l'ancienne version du site que
voici est: "Science de l'Existence, Science de Dieu". C'est la version du
site créée à Pagouda en 2007.
Quand en
2004 j'ai commencé à parler de la Science
de Dieu à Alexandre, les
hostilités
ont alors commencé avec lui. Il me dit que je devenais tout
simplement fou. "Va voir un psy, me recommande-t-il, avant que Martine,
Alexis et Lauriane n'en pâtissent", me dit-il. Celui qui était
jusque là un frère et un confident va devenir très vite
un terrible ennemi de cette Science de Dieu et
de son frère tout simplement. Au paroxysme de cette guerre menée par
Alexandre contre moi, j'ai appelé à mon secours l'Ambassade de France, et
sa réponse fut: "La France ne peut rien pour vous".
Le
pire de la civilisation occidentale dans une peau noire...
Alexandre
et moi nous sommes des Kabyè.
Un Kabyè authentique ignore la notion d'athéisme.
Le fait de dire que Dieu
n'existe pas ou qu'il n'existe pas de divinité est
inconcevable pour lui. Le Kabyè authentique est en communion avec
les ancêtres, les esprits, l'au-delà. La nature est vénérée,
elle a un caractère sacré. Et aucun Kabyè digne de ce
nom ne dira pas que le Kinaou,
le Hama, les Aléwa et les Aféla sont des légendes
ou des superstitions.
Je me définis
comme étant la parfaite synthèse du meilleur des deux cultures
(africaine et occidentale), synthèse que l'on peut résumer
par Dieu d'un côté et la Science de l'autre. Mais Alexandre
est la synthèse du pire des deux cultures. Plus exactement, il est
tout le pire de la civilisation occidentale dans une peau noire. Etant Kabyè,
il ne peut pas vraiment être un athée au sens occidental du
terme. Mais n'empêche qu'intellectuellement, dans son schéma
de pensée, dans sa vision des choses, il
est tout simplement athée.
A cause
de la Science de Dieu, Alexandre fera
de notre vie au Togo tout simplement un enfer. En avril 2004, il me disait
en France que cette science n'est qu'un "amalgame
où se mêlent
ma mathématique, ma religion et ma vie privée".
La religion
à laquelle il faisait allusion est tout simplement mon ancienne
religion des Témoins de Jéhovah. Trois mois après ces
propos d'Alexandre, celle-ci m'a violemment exclue à cause de cette science.
Et au fil des mois et des années, cette science se détachait de plus
en plus non seulement de toutes les conceptions des Témoins de Jéhovah,
mais
tout simplement de toutes les conceptions chrétiennes ou religieuses
traditionnelles de Dieu. La preuve.
Et si j'en
suis venu à parler de ma vie privée dans mes écrits qui expliquent cette
science, c'est tout simplement à cause de tout ce que je subis
depuis le début à cause de cette science, d'abord de la part des Témoins
de Jéhovah, puis de toutes les personnes
de l'espèce d'Alexandre! Si on me
laissait tranquille parler de cette science, eh bien je ne parlerais que
d'elle. Je ne demande que ça d'ailleurs!
Quand
le Diable lui-même ruine la scolarité et l'avenir de mes enfants
Mais seulement
voilà: comme en France, Alexandre voit en cette Science
de Dieu simplement une nouvelle religion déguisée en science,
et même
pire: une secte! Ma science
et mes activités seraient quelque chose de néfaste pour mes
enfants et pour leur avenir, selon lui. Son opinion sur cette science va
devenir chez lui un vrai
devoir d'y
mettre fin par tous les moyens, de me faire reprendre ce qui selon
lui est une "activité" normale".
Il fallait à tout
prix "sauver mes enfants", mettre tout en oeuvre pour
mes les retirer: intervention auprès du Consulat France, procès à Pagouda,
etc.. Et l'un de ses arguments de bataille à l'époque,
celui dont il se servait pour convaincre tout le monde et les rassembler
tous
derrière lui dans sa croisade contre son frère, était
que mes enfants n'étaient pas scolarisés à Pagouda.
A ce propos
il faut dire une chose très importante: A
Pagouda (au Togo profond)
où nous
allons habiter pendant 3 ans, mes enfants ne pouvaient pas être scolarisés
comme nous le souhaiterions, si nous avions pu habiter à Lomé (la
capitale) ou à Kara (une grande ville du nord) par exemple. L'enseignant
que j'étais en
France, aidé de ma femme, assurions la scolarité à domicile
de nos enfants.
D'ailleurs aucune école
dans
cette brousse pouvait dispenser à nos enfants ce
que nous leur offrions comme enseignement avec notre bibliothèque
venue de France (y compris donc les manuels scolaires), nos ordinateurs,
nos cédéroms,
etc. Notre maison à elle seule était infiniment plus équipée
que la plus
grande
école
de Pagouda, l'école centrale! Et aussi aucune école à Pagouda
ne pouvait leur
enseigner le genre de choses qu'on enseigne en France. En
lycée professionnel
en France j'enseignais
des classes de 20 ou 30 élèves. A plus forte raison enseigner seulement
mes deux enfants! Alexandre connaissait très bien mes capacités
depuis
longtemps, il savait très bien au plus profond de lui-même qu'il
me faisait
un
mauvais
procès.
La preuve
en est que nos enfants n'ont
eu aucune difficulté à reprendre une scolarité normale
quand nous sommes revenus en France. Non seulement cela, ils étaient
parmi les meilleurs de leur classe! Et paradoxalement, c'est le Diable lui-même
(français cette fois-ci) qui ruine
brutalement la scolarité brillante de nos enfants en France, en
les enlévant de leurs écoles en pleine année scolaire,
et ce au nom de fausses
accusations, dans le pure style français cette fois-ci.
Derrière
tout cela se cache une guerre idéologique
Derrière
tout ce qui se passait au Togo (et aujourd'hui
en France) se cachait tout
simplement une vraie guerre
idéologique entre deux frères sortis d'un même
ventre maternel mais dont les psychés et
les visions des choses sont radicalement
opposées l'une de l'autre! Un Alexandre qui dictait à son
frère ce que devait être sa vision des choses ou sa vie,
qui s'érigeait
en vrai tuteur pour son frère et sa vie, qui s'octroyait un droit
démesuré
d'ingérance dans sa vie, de la diriger, de lui imposer d'être
ce qu'il pense qu'elle doit être. Bref, Alexandre au Togo comme
ses semblables en France, et ses semblables en France comme Alexandre
au Togo.
La
guerre de Clarisse à Pagouda pour dépouiller un homme
de ses biens...
11 septembre
2004 : je m'envole pour le Togo et la guerre commence...
Je
mets fin à mon métier d'enseignant en
France, je quitte la France pour le Togo, pour y poursuivre
mes travaux dans la Science de
Dieu. Et le lendemain 12 septembre,
les hostilités
ont commencé avec Alexandre au Togo. Son but? Me renvoyer
en France.
Je
suis parti seul, laissant ma famille en France, qui me rejoindra
dix mois
plus
tard. Il fallait préparer le terrain pour leur arrivée.
Je ne connaissais pas encore l'ampleur des découvertes
scientifiques que j'allais faire au Togo. Et même au
début, il était envisagé
que si mes travaux de recherche
ne devaient
pas
durer
dans
le
temps (car j'avais par prudence demandé un congé sans-solde
d'un an en France), la famille en France viendrait seulement
me rendre visite
au
Togo
pendant
les vacances. Ce
n'est que par la force des choses que la décision
fut prise de faire venir habiter ma famille en France avec
moi
au Togo. On comprendra par
la suite comment les choses se sont passées et comment
on est arrivé là.
A
l'arrivée à Pagouda de ma famille de France, la
guerre avec Alexandre (et toute la famille togolaise
qu'il entraînait à sa suite) va s'intensifier
pour nous renvoyer tous en France. Les motivations des
uns et des autres
sont différentes: pour Alexandre, il s'agit d'une
guerre fondamentalement idéologique. Et pour Clarisse (une
soeur), une personne très vénale, avide,
cupide, les motivations sont plus matérielles.
Réussir à nous
chasser du Togo, c'est hériter de notre maison que
nous y avons construite (on comprendra mieux par la suite)
et nos
biens venus de France. Quand ces deux motivations et d'autres
convergent dans le même but, c'est terrible pour celui
qui va le subir.
20
septembre 2004: je quitte Lomé pour Kétao
Je
demande à Alexandre de me loger chez lui à Lomé (la
capitale), le temps de poser les bases de mes activités
au Togo et de voir clair dans les directions que je dois emprunter.
Mais il refusa,
considérant
que ce serait cautionner ce qu'il considérait comme
une décision
irresponsable de ma part de quitter la France
pour venir faire cette prétendue Science
de Dieu au Togo. Il se reprocherait plus tard de m'avoir
apporté une quelconque aide dans ce sens. La tension
est très vite devenue très vive entre les deux frères. Et il
était clair pour moi que, si je voulais travailler le plus
sereinement possible, il ne fallait pas au Togo rester là
où Alexandre est.
Je
prends donc la décision
de partir loin d'Alexandre, de quitter la capitale togolaise
pour
aller
m'installer
dans
ma ville
natale à Kétao
dans le nord du Togo (le Togo profond), au pays Kabyè,
dans la grande concession du grand-père maternel.
Là habitent la
grand-mère (aujourd'hui décédée) et des cousins,
et à côté la
mère et une soeur nommée
Noëline (voir Qui
es-tu?). A quinze kilomètres de Kétao se
trouve Pagouda,
où par la force des choses j'habiterai avec ma famille
venue de France. Pagouda
qui sera le grand champ de bataille contre Alexandre,
Clarisse et toute la famille du nord du
Togo.
Fin
2004:
la mère me demande à Kétao de construire une maison pour elle
à Pagouda
Vers
la fin de l'année 2004, ma mère me fait une demande
qui lui tient beaucoup à coeur: lui construire une maison
dans sa ville natale à Pagouda, qui est aussi la ville
de la grande famille maternelle, en particulier le grand-père.
Elle n'y possèdait
aucun domicile propre, me dit-elle, ce qui n'est pas du tout
honorable pour elle. Je lui ai répondu que moi non plus
je ne possèdais aucun
domicile propre dans tout le Togo, ce qui n'était pas
honorable. J'ai un terrain à Kétao, mais je ne
me suis pas encore décidé
à y construire, et je n'avais pas encore pris la décision
concernant le meilleur endroit où il fallait contruire
pour moi. Et vu que je n'avais plus de salaire en France (nous
vivions avec
nos économies faites en France) je n'avais plus les
moyens de construire pour elle puis éventuellement pour
nous.
Elle
insista très lourdement et me dit qu'elle ne demandait pas
un château
mais quelque chose de très
modeste qui ne couterait pas trop cher. Elle voulait juste
un domcile de deux chambres et un séjour ("Deux pièces - Salon"
comme on dit au Togo), et si ce n'est pas possible elle se
contenterait d'une chambre et d'un séjour ("Une
pièce - Salon").
C'est
la soeur
Clarisse,
une femme d'affaires, qui connaissait bien le milieu et qui
a tout l'art de la négociation avec tous les corps de
métier du milieu, qui présenta le devis. Ce devis
pour le "Deux pièces - Salon" parlait d'une
somme d'environ 500000 FCFA (750 euros), sans compter le
prix du terrain,
car la grande
famille
de Pagouda
étant des propriétaires terriens, la mère
aurait un terrain gratuit. Et en ajoutant une pièce
supplémentaire, cela porte
le devis à environ 700000 FCFA (1000 euros) maximum.
Après
réflexion,
j'ai jugé que je pouvais faire d'une pierre deux coups:
construire une maison de 3 pièces et un séjour
pour la mère, dans laquelle
elle et moi on habiterait tant que je serais seul à Pagouda.
De plus, dans la concession du grand-père à Kétao, je logeais
dans une chambre très misérable en argile construite par un oncle
défunt.
Et ses enfants (des
cousins donc), sans le dire ouvertement,
me voyaient d'un très mauvais oeil. Et pourtant, depuis
la France (et plus encore depuis que j'habitais parmi eux),
j'avais à ma charge ma mère et la grand-mère
de qui ils dépendaient
pour vivre, après la mort de leur père. Donc
ils vivaient au moins en grande partie grâce à moi
(voir Qui
es-tu?).
Ce
que la mère me demandait pouvait donc être aussi
un moyen de loger dans quelque chose que j'aurai construit
moi-même, le temps que devaient durer mes recherches
au Togo ou au nord (je prévoyais un an au début).
Mais il était convenu avec ma mère que si ma famille venait
de France me rendre visite pendant les
vacances, la mère nous laisserait toute la maison
pendant leur séjour. Et quand le moment viendrait
pour moi de rentrer définitivement en France, la
maison lui reviendrait. Ainsi, elle aura eu sa maison (et
bien plus qu'elle ne le demandait!), et j'aurais
du
même coup résolu le
problème de l'accueil de ma famille qui viendrait
de France. On m'a assuré qu'avec 800000 à 1000000
FCFA (1200 à 1500
euros), on pouvait faire quelque chose de très correct,
compatible avec mon budget, et qui satisfait tout le monde. Comme
j'étais très occupé à travailler à ma
science nuit et jour, j'ai chargé Clarisse de s'occuper
de tous les aspects de ce projet: trouver les ouvriers, négocier
avec eux, gérer le budget que lui ai confié, etc.
Avril
2005: le cauchemar de la maison de Pagouda et le salon de
coiffure "Don
de Dieu"
Mais
seulement voilà: j'ignorais que c'est en fait Clarisse
(la fille chérie de la mère et la grande préférée)
qui a suggéré cette idée de construction à la
mère à Pagouda. Ce projet n'aurait
jamais dû poser le moindre problème, mais et au contraire
arranger beaucoup
de choses. Mais avec une Clarisse dans l'affaire et avec ce
qu'elle avait derrière la tête en persuadant la mère de me
persuader d'entreprendre une telle chose, cela changeait du
tout au tout! Ce projet va se révéler un
terrible piège, un vrai cauchemar à Pagouda!
Clarisse
avait son plan à elle: d'abord profiter de ce projet
(dont la gestion ne pouvait que naturellement lui revenir à Pagouda)
pour faire payer habilement à son frère ses
projets personnels, en particulier le remplacement de
son ancien salon de coiffure par un nouveau
nommé "Don
de Dieu". Et ensuite,
plus tard, hériter indirectement de cette maison
construite, qui sera devenue la propriété de
la mère
(dont elle est la fille chérie qui obtient tout
de la mère), une fois que je serai reparti en France. Et évidemment,
elle n'avait pas intérêt
que ma famille vienne de France. Et si elle venait, il
fallait tout faire pour nous faire repartir en France!
Du côté de Clarisse cette fois-ci, tous les ingrédients
et tous les mobiles d'une guerre contre son frère et sa
famille à Pagouda sont là!
C'était
vrai que, dans un endroit comme Kétao ou Pagouda (et
non pas dans une grande ville comme Lomé ou Kara),
cette somme de 1 million de FCFA suffisait pour faire quelque
chose
de très correct. Ce n'est pas tous les togolais qui sont
capables de sortir cette somme de leur poche! Mais cette somme
est nettement insuffisante quand
le but était de me faire commencer ce projet pour devenir
la
"poule aux oeufs d'or" pour tous ceux qui (à commencer
par Clarisse) voulaient profiter au maximum de l"'homme
riche venu de
France". Un homme à
qui par exemple on n'hésitait pas à facturer
50000 FCFA là où
on facture d'habitude 10000 FCFA!
Dans
ces conditions, les fondations
à peine posées et les murs commençant à peine
à s'ériger que le budget est déjà dilapidé. Et il fallait sans
cesse demander à ma femme en France de vider nos écomomies
en France pour les déverser dans ce qui devenait un vrai
gouffre
financier! L'argent disparaissait à une vitesse vertigineuse,
mais le chantier n'avançait pas!
Mais
entre-temps (en avril 2005), Clarisse a inauguré son
nouveau salon de coiffure baptisé ""Don
de Dieu",
qui lui a poussé comme un champignon! Au moment où la
deuxième
rallonge de budget
était terminée et que je faisais tout mon possible
pour que ma femme m'envoie rapidement un mandat par Wertern
Union afin que le chantier ne s'arrête pas, les ouvriers
ont quitté mon chantier pour travailler à la
construction du nouveau salon de Clarisse. Celui-ci
a été achevé
en un temps record!
Clarisse
a invité le préfet
de la Binah (préfecture dont font partie Kétao
et Pagouda) pour l'inauguration, et n'a même pas eu
la gentillesse d'inviter son frère à Kétao! Et
une fois le salon inauguré, Clarisse laissait traîner
mon chantier, et j'ai dû laisser mon travail d'écriture
à Kétao pour
prendre moi-même les choses en main à Pagouda, faisant
des allers et retours incessants entre les deux villes en
taxi de brousse (je n'avais pas encore acheté la voiture
qui servira à transporter ma famille à leur arrivée de France
et à circuler dans la région). Et il fallait leur livrer
guerre
sur guerre pour les faire venir
travailler au chantier, alors qu'ils réclamaient une
main d'oeuvre démesurée et étaient très
bien payés, sans une minute
de retard! Ils ont même le culot d'aller se plaindre
auprès
du commissaire de Pagouda (Tchabodjo AGOUDA, celui-là même
qui va m'emprisonner un an après dans son commissariat)
parce que je leur demande de terminer leur travail dans les
délais
convenus, sinon je déduirais leur retard sur la main
d'oeuvre qu'ils me demandent! Et le commaissaire leur donne
raison!
Et
aussi, il faut dire qu'ils ont une loi culturelle validée
par tous, selon laquelle on ne peut pas renvoyer un ouvrier
qu'on a engagé pour le remplacer par un autre, même
s'il fait des fautes graves ou n'honore pas son contrat. Un
ouvrier engagé
pour commencer un travail doit terminer ce travail. C'est comme
ça. Cela permet alors aux ouvriers de s'engager sur
mille chantiers, de se battre pour commencer un travail ici
ou là. Une fois
que le chantier est conquis (c'est-à-dire commencé),
il peut le délaisser pour partir à la chasse
d'un autre chantier, et
il faut
alors lui courir après (et même le supplier)
pour venir continuer le travail qu'on lui a demandé (voir Qui
es-tu?).
C'est donc lui qui gère le calendrier comme bon lui
semble. Sachant
qu'il ne peut pas être renvoyé, il peut même
pousser le culot (comme le maçon Etienne Gnadao qui
s'occupait de mon chantier) de demander un supplément
de main d'oeuvre, si l'on veut que le travail soit terminé dans
les délais, pourtant convenus au départ.
Et même un commissaire donne raison à des gens
qui font des choses
pareilles et qui viennent se plaindre auprès de lui
contre leur employeur!
Tout
le monde trouve ça normal. Et quand je m'indigne contre ce
maçon que Clarisse a engagé pour moi (et qui par contre a terminé
le nouveau salon de Clarisse en un clin d'oeil), Clarisse me
demande : "Qui
es-tu pour vouloir changer les choses?" Et elle m'informe
avec mépris que même le grand Alexandre a subi cela sans pouvoir
rien contre...
Le
19 mai 2005:
J'ai commencé à faire comprendre que la maison de Pagouda serait
notre habitation
La
maison de Pagouda qui devait nous coûter un million de
FCFA au maximum nous a en fait coûté plus
du triple (3,5 millions de FCFA). Etant donné que cette
maison aura englouti une part très importante de nos ressources
en France, il devenait obligé
que la famille en France vienne habiter avec moi dans la maison
que nous avons construit et qui nous a tant coûté.
C'était
ça, ou alors il fallait tout laisser tomber et retourner
en France rejoindre ma famille. Non seulement j'aurai jeté des
millions par la fenêtre (un cadeau magnifique fait principalement
à Clarisse et sans remerciement de sa part!), mais le
plus grave est que ma Science
de Dieu aura été ainsi décapitée
qu Togo!
Nous
devions dans ces condititions changer les accords initiaux,
transformer
cette maison simplement en notre habitation à Pagouda,
et trouver plus tard une autre solution à la mère pour
le domicile qu'elle demandait et qui est à l'origine de cette
ruine financière.
Avec l'expérience acquise dans cette mésaventure,
je ne tomberais plus dans ce piège.
En
attendant, il fallait achever ce qui est commencé, cette fois-ci
dans l'optique d'y faire vivre en permanence une famille venue
de France. Nous
n'avons pas
eu d'autre choix que de mettre deux millions supplémentaires
dans ce chantier pour construire une clôture autour
de la maison (pour une vie "tranquille" et pour assurer
l'intimité d'une famille française), pour l'électrifier,
y faire creuser un puits, etc.
Au
total, cette maison nous aura coûté 5,5 millions
de FCFA au minimum. Et quand nous parlions de ce prix dans
le milieu, beaucoup
s'écrient et
disent: "Avec cet argent, ici, moi je me construis
une maison
à étages!" Et au Togo, l'expression "construire
une maison
à étages" est comme dire en France: "construire
un château". Oui,
ce prix, juste finalement pour une maison
seulement de trois chambres et un séjour, "Trois
pièces
- Salon", comme
on dit au Togo. Leux pièces nous servaient de
chambres à
coucher, et la troisième nous servait de cuisine.
Quand
j'ai commence à faire comprendre que désormais je construisais
cette maison simplement pour y vivre avec
ma famille de France, j'ai
déclaré la troisième
guerre mondiale à Kétao et à Pagouda
à tous ceux qui se frottaient les mains (Clarisse, la mère,
la grand famille de Pagouda), se disant que les "pigeons venus
de France" leur pondaient un
magnifique
cadeau
(voir QUI
ES-TU?)!
Le
11 juillet 2005: ma famille arrive de France pour habiter
avec moi à Pagouda
Le
11 juillet 2005, ma femme et mes enfants arrivent de France
pour habiter avec moi dans l'enfer de Pagouda. Les pauvres,
ils arrivaient en terrain très hostile, dans un champ
de bataille, un champ de mines. Mon devoir le plus absolu était
de les protéger dans un milieu
complètement étranger pour eux, où ils étaient
novices, très fragiles. J'étais
pour eux le bouclier qui prenait tous les coups, qui enlevait
le danger ou le piège posé sous leur pied sans qu'ils aient
conscience de ce à quoi ils avaient échappé. Et
en plus
comme
ils ne parlaient pas le Kabyè, ils ne comprenaient
pas ce qui était dit dans les ténèbres autour de leur
maison électrifiée ou plus ouvertement dans les jouxtes
verbales avec les adversaires déclarés. Dans
une certaine mesure, c'était
mieux ainsi, car s'ils comprenaient, ils auraient eu terriblement
peur, ils
n'auraient pas pu vivre
trois ans avec moi dans cet enfer! Ils étaient naïfs, innocents,
ingénues, bref des anges au beau milieu de diables.... Et
je leur disais simplement : "Ne négligez surtout pas de lire
la Bible, les psaumes, les évangiles, ne négligez pas de
prier Dieu! Votre meilleur bouclier contre le Diable, c'est
la Parole
de Dieu."
La
maison clôturée essayait tant bien que mal d'être une oasis
(ou
un havre
de tranquillité)
au milieu de diables... Mais
dans l'Afrique
de tous les mystères (qu'il
fallait justement percer), même avec les portails,
les portes et les fenêtres hermétiquement fermées, le
danger ou le mal pénètre dans les intérieurs...
Ce danger occulte est la face cachée de ce monde. Le genre
de choses qu'Alexandre pourtant
Kabyè comme moi (mais fonctionnement
avec le rationalisme occidental), nie avec toute la
force de la négation
à l'occidentale. Ceux qui incarnent
ce danger ou ces choses de l'Afrique noire, ce sont les gens
du Kinaou,
du Hama, les Aléwa et les Aféla, les voisins
tout autour de notre maison. Ceux-ci n'ont pas
besoin
que ma mère ou la famille togolaise leur demandent de
faire de notre maison (notre paradis au milieu de leurs
cases...) une maison
de l'horreur, à défaut de réussir à tuer l'un
d'entre nous avec leurs pouvoirs diaboliques. Mais
si en plus la mère le leur demande...
Six
jours seulement après l'arrivée de ma famille
de France, la mère
est venue nous livrer la première bataille devant tout
Pagouda. Au cour de cette bataille des mots, elle a prononcé quelques
phrases en français pour que ma femme et mes enfants
comprennent: "Je
ferai démolir votre maison sur mon terrain, de sorte
qu'il n'en reste
pas pierre sur pierre!" Les miens découvraient
Pagouda et l'intention de la mère, et plus exactement
de Clarisse et de tous ceux qui poussaient la mère à agir
d'une manière aussi
déplorable contre son fils, sa femme et ses enfants.
Le but annoncé était de les effrayer pour qu'ils
reprennent l'avion pour fuir vers la France. Leurs valises étant à peine
posées à Pagouda, ils furent
très effrayés ce jour-là par les paroles
de ma mère. Je
les ai rassurés, et
leur ai dit qu'ils pouvaient compter sur moi pour me battre
pour ce qui leur appartient, pour les protéger contre
tous les dangers. Pour cela il fallait juste bien m'écouter
et ne pas
faire d'erreur fatale dans ce milieu assez dangereux...
Janvier
2006: Une donation de notre terrain contre la construction
promise à la mère
Nous
avons demandé à acheter
le terrain sur lequel notre maison a été bâtie
pour être
totalement maître de nos biens. Mais Clarisse s'est opposée à la
vente, ou alors, dit-elle, il fallait nous vendre le terrain
très cher! Tout le matérialisme de Clarisse se trouve-là,
son avidité, la
cupidité, son appât
du gain pour lequel elle tuerait même son frère!
Par
la force des choses donc, la maison était
déjà sur
le terrain, et en plus avec tous nos biens venus de France.
Nous n'avions pas d'autre choix que d'accepter les conditions
qu'on nous fixait. Sinon il fallait démolir notre
maison et rendre le terrain, comme la mère le disait. L'autre
choix était
simplement de dégager de ce terrain, et alors tout
ce qui était
dessus devenait leur propriété. Clarisse
nous a donc piégés par la mère! De fil
en aiguille elle nous a tout simplement ligotés!
La
mère concevait non seulement que Clarisse puisse faire
cela à son frère, mais surtout qu'elle même
puisse, en écoutant sa fille chérie Clarisse,
faire cela à son propre fils! Comment pouvais-je concevoir
qu'un cadeau que je voulais faire à ma mère puisse
devenir ce piège des plus diaboliques?
Tous
les efforts que je faisais pour trouver une entente avec
la mère au sujet du terrain et pour honorer la promesse
de lui construire un petit domicile à Pagouda (et
apaiser toutes les tensions) étaient ruinés
par Clarisse. Elle n'avait pas intérêt que
le problème trouve
une solution, car alors elle perdrait sa main mise sur nous. Et
la mère écoutait les idées diaboliques,
nocives et très toxiques de sa fille chérie qui la possède
au plus haut point, au
lieu d'écouter
les solutions de sagesse que je lui proposais.
Quand
je demandais à la grande famille de Pagouda de me vendre
le terrain sur lequel j'avais construit, c'était à leurs
yeux comme un sacrilège. Ils m'ont dit qu'il était
inconcevable pour une grande famille Kabyè de vendre
un terrain à un héritier, comme s'il était
un étranger. Ils disaient que ce terrain était
la propriété donnée à ma mère,
donc ma propriété. En clair, à moi de
m'entendre avec ma mère. Mais c'est à cette entente
que Clarisse la cupide s'opposait...
Mais
prenant la grande famille à leurs propres mots, j'ai
demandé à la
mère de signer en bonne et due forme une donation de son terrain,
en échange
de ce que je construirais pour elle sur un autre terrain de la grande famille.
Clarisse a dit à la grande famille que si la mère
me signait une donation de son terrain, alors il fallait aussi que la grande
famille
lui fasse une donation de terrain à elle aussi, ce qui fut fait. C'est
très simple à comprendre: à défaut de pouvoir s'acheter un terrain avec une
part du prix du terrain de la mère qu'elle demandait de me vendre
très cher (au moins un million, alors que les terrains dans le coin dépassaient
difficilement 200000F et même seulement 100000F pour le nôtre vu là où il
est situé), eh bien, il fallait qu'elle ait son terrain. C'est à cette
condition que ma donation fut possible. Donc grâce à moi, elle a gagné gratuitement
un terrain alors qu'elle n'est pas une héritière prioritaire. Avant elle
par exemple, il y a sa
soeur Noëline (l'ancienne "mal aimée" de la mère que
j'ai détrônée de cette position depuis que je suis
revenu de France). Et après Noëline, il y a même aussi un certain Alexandre,
s'il voulait d'un
terrain
gratuit
à
Pagouda.
Et quant à
moi mon terrain n'était pas vraiment gratuit puisque je voulais l'acheter
pour justement supprimer dans mon cas ces considérations d'héritage (et être
maître de ma propriété), et que la donation m'était accordée en échange d'une
construction pour la mère.
Et
quant à Clarisse, après
son "Don de Dieu" un
an plus tôt, elle
se fit assez rapidement construire sur son nouveau terrain gratuit un "château",
si on compare sa construction à la ridicule maison "Trois pièces - Salon"
de son frère. Des mauvaises langues à Pagouda,
voyant cette nouvelle construction de Clarisse pousser comme un champignon,
disaient : "C'est grâce à l'argent de son frère venu de France qu'elle
a pu faire cela aussi rapidement." Mais, "chuuut!",
il ne faut pas écouter les mauvaises langues, car ce qu'elles disent est
toujours
faux... Clarisse a tout simplement construit son "château" grâce à ce
que lui rapporte son salon de coiffure "Don
de Dieu". Et surtout, le Dieu en question,
ce n'est pas moi! C'est c'est la pure vérité...
Depuis
longtemps, avec l'expérience du milieu, le "naïf" généreux
qui faisait confiance
à sa famille togolaise et qui mettait la main à la
poche chaque fois qu'on le lui demandait, connaît désormais
ce que coûtait vraiment à Pagouda la construction
du "Deux pièces
- Salon" que la mère me demandait au départ.
En échange de la donation de son terrain, j'ai donc donné
à la mère tout simplement une somme de 300000
FCFA (450 euros) et une importante quantité de briques pour
la fondation. Avec ça,
je savais qu'elle pouvait se construire elle-même
le domicile qu'elle demandait, avec
l'aide de sa fille Clarisse, qui connaît bien plus que moi
les rouages du milieu! Elles ont engagé
le même maçon Etienne Gnadao, celui qui m'a fait
voir de toutes les couleurs sur mon chantier, qui a construit
le salon de
Clarisse. Ce maçon qui en remerciement de sa grande
main d'oeuvre que je lui
payais (sans parler de tous les dons et faveurs annexes sans
lesquels une affaire n'avance pas en Afrique), a osé se
plaindre de moi auprès du commissaire. Cette fois-ci
je ne m'en suis pas occupé. Elles n'avaient qu'à se
débrouiller
avec lui, ou avec qui elles voulaient. Et je
savais qu'elles pouvaient faire le "miracle" avec
seulement 300000 FCFA, là où cela m'aurait
coûté des millions à moi. Et là aussi
en un temps record, le
miracle s'est accompli!
Le
19 avril 2006, Clarisse: "Tu es un fou guéri. Il ne
te reste plus qu'à te déshabiller pour circuler
nu à Pagouda"
Dans
la pure tradition du pays Kabyè, un aîné de la famille est
comme un "second père" pour ses frères et soeurs. Et devant
mon Dieu que je sers, je dis que c'est ce que j'ai été pour
les enfants de ma mère, et pour d'autres enfants du père (car
il
est polygame
et a plus d'une vingtaine d'enfants). Le cas d'Alexandre est
différent car il a eu la "chance" d'avoir fait un collège militaire,
et donc l'armée prenaît en charge tous ses besoins jusqu'à
son entrée à l'université. Cela l'a mis l'abri de la terrible
détresse financière dans laquelle la famille fut plongée après
la retraite militaire du père
en 1978 au Camp RIT, suivie de l'explosion de la famille
et de sa dispersion aux quatre coins du Togo, chacun se débrouillant
pour survivre. C'est à cette époque que la mère quitta Lomé
pour revenir dans la maison du grand-père à Kétao, avec
ses
trois derniers enfants eus avec le père militaire: Clarisse,
Viviviane et Ernest. Au nord, la souffrance serait moins grande
que dans la capitale. Et là, elle se remaria avec un forgeron
aux ressources très limitées, avec qui elle eut ses deux derniers
enfants, Yaovi et Tchami (aujourd'hui décédé).
Après
deux années de très grande souffrance où je me débrouillais
pour survivre à Lomé, livré à moi-même et me battant pour avoir
le bac, je suis entré à l'Université de Lomé en 1981. Ma simple
bourse d'étudiant était alors un salut pour la famille, en
particulier pour ma mère et ses cinq enfants au nord, dont
une certaine Clarisse. Frais de scolarité, fournitures scolaires?
A ma charge! Sans parler de ce que je pouvais donner pour leurs
vivres. Puis, après l'Université de Lomé je partis pour la
France en 1985, où plus que jamais je devins le second père
pour les enfants à la chage de ma mère, et aussi celui qui
faisais
vivre
sa mère et sa grand mère, pendant 19 ans, jusqu'en 2004, année
de mon retour au Togo pour faire la Science de Dieu. Et il
ne faut surtout pas oublier Martine ma femme, très compréhensive
et très généreuse. Elle accepta qu'une partie de nos ressources
serve à aider ma famille au Togo. Et Clarisse ne dira jamais
qu'à la fin de ses études et en jeune femme mariée, au moment
de l'aider à se lancer dans la coiffure, elle doit à son frère
et à sa femme son premier appareil de coiffure de ses débuts...
A notre visite au Togo en 1990, elle coiffait des personnes à son domicile avec
cet appareil en attendant un premier salon de coiffure. Et
comment nous remercie-t-elle 16 ans après?
Dans
ces conditions, pourquoi faire encore le moindre cadeau à une
telle personne? C'est la raison pour laquelle, au lieu de
donner 300000 FCFA à la mère pour se construire
son "Deux
pièces - Salon", je lui ai donné seulement
230000 FCFA, lui disant d'aller compléter le reste
avec les 70000 FCFA que Clarisse me devait depuis plus d'un
an. Elle était venue à Kétao me demander
cette somme, presqu'en même temps que la mère quand (sous
la suggestion de Clarisse) a demandé de lui construire
à Pagouda. Ce n'était
pas grand chose, mais cette somme était une bouffée
d'oxygène
dont Clarisse avait grand besoin à un moment où ses
affaires étaient dans un creux. Mais
la "grande dame riche et très influente" qu'elle est devenue
à Pagouda a très
mal pris le fait de lui réclamer
une si modique somme pour compléter le budget de construction
pour la mère.
Si
vous donnez seulement 1000 F à quelqu'un pour démarrer
une affaire, et qu'il devient plus tard un milliardaire, c'est
vrai que 1000 F c'est désormais rien du tout à côté de
ses milliards. Mais sans les 1000 F l'affaire n'aurait pas
démarré! Et si la somme est prêtée,
alors la moindre des choses quand on est devenue un milliardaire
n'ayant plus besoin d'un ridicule 1000 F pour ses affaires,
c'est de rendre au moins le capital. Cela peut servir une nouvelle
fois à quelqu'un d'autre, qui a besoin de 1000F seulement pour
démarrer... Et on peut à bon droit se demander comment en un
an Clarisse est devenu tellement riche que 70000F dont elle
avait besoin il y a encore un an n'est plus grand
chose pour elle!
Pour
pouvoir dire à tout Pagouda que la grande
dame qu'elle est devenue dans la ville ne doit
rien dans ce qu'elle est devenue à son frère "fou",
elle
a
provoqué une
confrontation avec son frère le 19 avril 2006 devant son salon
de coiffure "Don
de Dieu".
La
situation étant devenue très tendue à Pagouda
entre autres à cause de Clarisse, je ne fréquentais
plus depuis plus d'un an les abords de ce salon de coiffure,
comme autrefois
où je
passais de longues heures en leur compagnie là-bas.
Clarisse et moi on ne s'adressait plus la parole tout simplement,
on
communiquait
par la mère interposée. Et pour éviter
tout piège, je passais
désormais devant ce salon toujours en voiture, même
pour aller simplement à la
poste de Pagouda. Mais ce jour-là, manque chance, la
voiture avait quelque petits soucis et avait besoin de réparations.
Je suis donc passé tranquillement à pied devant
cet endroit devenu à haut risque à cause de la dame
des lieux, sans parler à personne, à part au
petit mécanicien
nommé Arcel
et surnommé "Togolais". Je lui ai demandé de
me
suivre à mon retour de la poste pour venir regarder
ma voiture.
Mais
à mon retour, Clarisse a envoyé une de ses apprenties
nommée
Denise m'accoster pour me dire le genre de choses à énerver
celui qu'elle voulait
provoquer et piéger. En gros, elle me disait qu'elle
a remis mes ridicules 70000 FCFA à la mère.
A cela je n'ai pas répondu et j'ai poursuivi mon chemin
jusqu'à chez
moi. Comme la réaction escomptée ne s'est pas
produite, elle a alors chargé Arcel le mécanicien
(qui devait venir chez moi)
de me transmettre le même
message. J'ai écrit alors ma réponse sur
papier, et donné
ce papier au mécanicien à remettre à celle
qui l'envoie.
En gros, je lui ai dit: "Quand tu étais venue à Kétao
me demander discrètement
de te prêter cette somme pour tes affaires, as-tu
envoyé
une
apprentie ou un mécanicien pour me la demander, et pour
qu'il sache aussi
que
tes affaires dépendaient de moi? Et pourquoi maintenant
que tu rembourses la somme tu sonnes de la trompette et veux
que
tout Pagouda sache que tu ne me dois rien? Sache tu ne m'auras
jamais remboursé tout ce que tu me dois."
Le
mécanicien revient
chez moi peu après me remettre le papier, me disant que Clarisse
n'était
plus au salon. Alors j'ai décidé d'aller en personne
remettre cette lettre à Denise (l'apprentie que sa patronne
avait envoyée vers
moi
m'accoster). Elle devait donc donner la lettre à sa
patronne quand elle serait au salon. Ma logique est fort
simple:
les personnes étrangères à la
famille que Clarisse a elle-même impliquées
dans cette affaire de prêt
en les envoyant vers moi, sont aussi celles qui peuvent connaître
ma réponse.
Mais
en arrivant au salon, j'ai vu que Clarisse était en
fait là,
elle
a donc fait
mentir le mécanicien. Néanmoins, pour éviter
un choc frontal, j'ai appelé vers moi l'apprentie
Denise pour lui remettre le message pour sa patronne,
en me tenant pratiquement à l'endroit
où elle m'avait abordé. Sa patronne la somme
de ne pas prendre le message de mes mains.
Je me
dirige
donc vers Clarisse pour lui remettre le papier en personne,
elle le prend, le déchire en mille morceaux devant mon
nez, puis jette avec mépris les morceaux aux
quatre vents, en
disant qu'elle n'a pas de temps à perdre avec
moi. La colère monte alors en moi, et je lui
demande: "Si
tu n'a pas de temps à perdre avec moi,
pourquoi alors tu perds ton temps à envoyer
d'abord ton apprentie puis le mécanicien vers
moi?"
J'étais
tombé dans le piège de cette diablesse! Le contact
que je ne voulais plus entre elle et moi depuis longtemps,
elle a réussi à l'obtenir.
Et ce contact, comme il fallait s'y attendre, a été très
vite explosif! C'est
lors de cette confrontation que Clarisse m'a dit devant tout
Pagouda: "Tu es un fou guéri. Il ne te reste plus
qu'à te déshabiller pour circuler nu dans Pagouda".
Une
phrase qui a marqué un homme à cause de tout ce qu'elle signifie,
de l'endroit où elle a été prononcée, de tout ce
qui s'est passé à cet endroit depuis plus d'un an, du public
en présence, etc. La curieuse expression "fou
guéri" empoyée
par Clarisse est souvent utilisée pour dire de quelqu'un
qu'il est un fou qui a l'air normal, ou qui est presqu'un
fou. Et
Clarisse, en disant qu'il ne me restait qu'à me déshabiller
pour circuler nu dans Pagouda, faisait simplement allusion
à Célestin,
un fou qui se promène nu dans Pagouda. Enfin, ce
que les humains qui se croient normaux appellent un fou...
Célestin (à ce
qu'on m'a expliqué) est devenu
fou suite à la faillite de ses affaires. Il a tout simplement
été dépouillé, ruiné exactement comme on me le faisait. Il
devenu muet, il murmure sans cesse quelque chose
que les oreilles
ordinaires
n'entendent
pas mais que Dieu entend. Il se promène
dans Pagouda, tenant sous le bras un vieux vêtement qui
sert de sac contenant des objets sans valeurs, qu'il serre
comme le dernier trésor qu'il ne veut pas perdre. Il entre
dans une grande tristesse quand on touche à ce "trésor".
Tout en mumurant, il agite la main libre,
demandant un pièce.
Le
jour de notre première rencontre devant le salon de Clarisse,
il a foncé directement sur moi comme si on se connaissait depuis
longtemps, et nous nous "parlions" en nous regardant dans les
yeux, au grand étonnement de beaucoup, mais aussi sous les
rires et les moqueries de beaucoup d'autres. Chaque fois
qu'il
me
voyait,
il
fonçait vers moi pour me parler à sa manière
et pour réclamer une pièce, dont il ne faisait
pas grand chose d'ailleurs, mais que des "normaux" sans scrupule
lui arrachait des mains ensuite. Lui et moi, on
ne se disait pas
grand chose, mais on se comprenait tout simplement. Depuis,
c'est devenu un rituel entre lui nous à Pagouda. Et quand
on commença à dire de moi à Pagouda que j'étais fou, je ne
m'arrêtais en voiture à cet endroit que pour Célestin,
pour le saluer, alors que je ne parlais plus à des "normaux" comme
Clarisse par exemple. On disait: "Entre
fous ils se comprennent". A mes yeux, les vrais fous, c'était
eux, tandis que le normal était Célestin.
En effet, bien que soi-disant "normaux", ils faisaient des
choses que Célestin ne
ferait jamais, bien qu'on dise qu'il est fou. Et s'il était
devenu fou, c'est tout simplement parce qu'il ne faisait
pas partie de leur monde, il s'en est déconnecté pour toujours...
Le
20 avril 2006: le guet-apens évité au commissariat de Pagouda.
Rencontre avec Monsieur Scapin
Dans
la culture Kabyè, une
soeur ne fait pas le genre de chose que Clarisse faisait à
son frère. Dans cette culture, si c'est nécessaire,
un parent peut donner une claque à son enfant à tout âge,
aurait-il 50 ans!
Et dans
la
culture Kabyè aussi, un frère peut donner une
claque à une
petite soeur qui se comporte comme Clarisse à son égard! Mais
j'oubliais un détail: des personnes comme Alexandre ou
Clarisse ne fonctionnent pas du tout avec les modes de la culture
Kabyè, sauf quand c'est pour en tirer un certain avantage.
Ce
19 avril 2006, quand Clarisse a fait les gestes qu'elle a
fait devant mon nez, quand celle qui me doit tant a prononcé les
paroles qu'elle avait prononcées, quand je pensais à tout
le mal qu'elle me faisait à Pagouda, j'ai voulu lui
donner tout simplement une claque, et elle l'aurait mérité. Ma
main partait en direction de sa joue, mais j'ai été retenu
dans mon geste, comme on
doit le faire au
pays Kabyè. Même hypocritement, la foule en
effet doit retenir quelqu'un qui veut frapper, et ensuite
le calmer. Et elle
doit
lui dire
ce qu'on doit dire dans ces cas-là: "Grand frère,
laisse tomber ta colère. Pardonne à ta petite
soeur. Il ne faut pas vous ridiculiser ainsi en public, mais
règlez cette
affaire en famille, avec votre mère."
Et
de son côté, Clarisse a ramassé une grosse
pierre pour vouloir me fracasser le crâne avec. Mais
elle aussi a été retenue dans
son geste, et on lui a dit qu'on ne fait pas cela à son
grand frère. Et moi, en bon Kabyè, il ne me serait
jamais venu à
l'esprit
d'aller
me plaindre au commissariat de Pagouda, parce que Clarisse
a porté atteinte à ma dignité en public, ou qu'elle a voulu
me lapider. Mais elle, elle est allée
se plaindre parce que je l'aurais giflée, alors que,
comme elle, j'ai été retenu dans mon geste.
Le
lendemain (20 avril 2006), le commaissaire de Pagouda, qui
s'était déjà si mal illustré dans l'affaire du maçon Etienne
Gnadao
un an
plus
tôt, m'a fait remettre une convocation au commissariat pour
affronter Clarisse et tous les accusateurs, dont la mère! J'ai
compris tout de suite le guet-apens et tout ce qui pouvait
se passer. J'ai appelé au téléphone l'Ambasse de France pour
expliquer la situation. Et on m'a conseillé de ne pas me rendre
à la convocation, mais de prendre immédiatement la route de
Lomé pour venir tout expliquer à Monsieur
Bernard Scapin, commissaire
divisionnaire au SCTIP de l'Ambassade de France.
Bien
que notre voiture avait quelques problèmes à peine
réparés,
j'ai dû faire avec ma famille et en toute urgence et
de nuit un voyage périlleux
jusqu'à la capitale Lomé, pour rencontrer
Monsieur Scapin. Celui-ci
a
constitué
un dossier
de police,
nous a posé
des
questions, et, à notre grande surprise, me demande de
retourner
à Pagouda répondre enfin à la
convocation du commaissaire. Mais le commaissaire de Pagouda
a très mal
pris le fait d'avoir préféré parler à
un commissaire blanc avant de le rencontrer, et il m'a gardé une
dent...
Quand
j'ai rencontré le commaissaire, il n'y avait plus mes
accusateurs qui le
20 avril 2006, donc je pouvais calmement lui expliquer tout
ce qui se passe. Parmi les choses dont il m'a informées,
il y avait le fait
qu'Alexandre l'a saisi depuis un certain temps déjà pour entreprendre
une action contre moi parce
que
mes enfants
ne seraient pas scolarisés. Je lui appris qu'en France
mon métier était l'enseignement, et que j'enseignais
mes enfants chez moi et avec l'aide de ma femme, avec tous
les manuels
scolaires venus de France ainsi que des outils informatiques.
Je l'ai invité à venir lui-même chez
nous pour voir tout ce dispositif. Avec tout le tact nécessaire
pour ne pas froisser sa susceptibilité, je lui ai dit que
l'école centrale de Pagouda ne pouvait pas offrir à nos enfants
ce qu'ils avaient à notre domicile, et que l'ex-enseignant
que j'étais en France était plus que quiconque à Pagouda
le mieux qualifié pour enseigner mes enfants. Il
a interrogé les
enfants et
il s'est vite aperçu de leurs grandes connaissances,
capacités,
très largement au dessus de tout enfant scolarisé à Pagouda!
Et il a dit:
"Vous pouvez
repartir chez vous,
mais
j'espère qu'il n'y aura plus d'autres problèmes
avec vous à
l'avenir."
Mais
malheureusement, cela ne dépendait pas de moi, car les problèmes,
on me les crée! Et quand je fais tout pour
éviter ceux qui incarnent les "problèmes", eux ils me trouvent...
Quand
nous étions à Lomé pour rencontrer Monsieur Scapin, je suis
allé dire au père (mon père adoptif et le père biologique d'Alexandre)
tout ce qu'Alexandre et Clarisse me faisaient au nord, et qui
étaient inadmissibles en culture Kabyè de la part de petits
frères à l'égard de leur frère aîné. Et le père m'a informé
qu'Alexandre lui a dit qu'il faisait des démarches à l'Ambassade
de France pour me faire retirer mes enfants. J'ai dit père
: "Fais comprendre à Alexandre de me ficher la paix, de
ne pas se mêler de mes affaires, de cesser de me mettre les
bâtons
dans les roues! Dis-lui s'il te plaît que s'il touche
à mes enfants, je le tue!" Et le père me demande: "Tu vas tuer
ton frère de quelle façon?" Et je lui réponds: "Mon Dieu que
je sers le sait. C'est lui qui le tuera!".
Le
8 juin 2006, la mère: "Tu es un fou, un sorcier qu'on
a chassé de France!"
A
la guerre idéologique qu'Alexandre livrait me livrait
au Togo (la guerre contre la Science
de Dieu) s'ajoutait la guerre plus spécifique que Clarisse
me livrait à Pagouda. Une guerre pour dépouiller un homme de
tout ce qu'il a, jusqu'à sa dignité! Une guerre pour transformer
un homme en un
fou comme Célestin, qui se promène désormais
nu à Pagouda.
Tout
le monde y trouvait son compte. Cela
arrangerait
Alexandre si je me décidais enfin de fuir ce bourbier
de Pagouda, cet enfer dont la diablesse qui alimentait
les
flammes était
Clarisse. Alexandre espérait que je
sois encore assez lucide pour déguerpir vers la
France (pendant qu'il était encore temps et avant
d'être complètement ruiné sur le plan financier) pour reprendre
une "activité normale",
c'est-à-dire
mon métier d'enseignant.
Et
de l'autre côté, tout ce qu'Alexandre faisait
pour me faire retourner en France (par exemple son dossier
à l'Ambasse de France et aussi auprès du commissaire de Pagouda)
arrangeait aussi Clarisse. Car si nous repartions en France,
elle hériterait
de ce que je laisserais derrière moi, via la mère.
La
fille possédait la mère, lui empoisonnait l'esprit, lui faisait
faire tout ce qu'elle désire. Avant la donation,
elle la poussait la mère à nous
chasser de son terrain. Et après, elle la poussait à nous
faire toutes les misères à Pagouda. Le
but de tout cela était de nous dégoûter, de nous faire
vers
la France sans demander nos restes.
Mais
au lieu de cela, je m'accrochais avec ma famille, je m'entêtais à rester! Et
alors la mère commença à dire à tous
ceux qui voulaient l'entendre que si je m'entêtais tant à rester
au lieu de fuir, c'est que je ne pouvais plus retourner en
France,
car je suis un fou (ou même pire, un sorcier) chassé de
France et je suis venu me réfugier au pays Kabyè.
Dans cette culture le mot "sorcier" ou "éfélou"
n'est pas du tout banal, car il signifie en fait "humain-diable".
Le
19 avril 2006 (le jour de la confrontation avec Clarisse devant
son salon de coiffure), Clarisse a 'appelé la mère pour lui
présenter sa version des choses. Et la mère m'appelle à son
tour. Mais au lieu de commencer par me demander de mon côté
ce qui s'est passé et pourquoi j'ai réagi ainsi; ses premières
paroles furent de me dire : "Sorcier, on t'a chassé de France
et tu viens nous causer des problèmes ici..."
A
ces premiers mots j'ai raccroché pour ne plus entendre le reste
des injures. La mère à qui j'avais tout pardonné, avec qui
on venait de se
réconcilier,
à qui
je venais
de donner 230000 FCFA et lui ai demandé d'aller compléter cela
avec ce que Clarisse me devait pour se construire son domicile
de Pagouda, la mère qui m'avait juré par le ciel et par la
terre (et pour la milliardième fois) qu'elle ne commettrait
les mêmes erreurs que par le passé, venait une fois encore
de recommencer la même erreur. Elle a écouté sa fille chérie
en premier, et cela lui a suffi pour me juger, sans chercher
à comprendre ce qui s'est réellement passé.
Et
la mère se présente le
8 juin 2006 au portail de mon domicile. Quand j'ouvre la première
question que je lui pose est simplement celle-ci: "Tu viens
chez moi pourquoi? Pour que le sorcier chassé de France te
tue?" A ces mots j'allais refermer mon portail, et elle me
retient: "Laisse-moi te poser une question avant de refermer
ton portail. J'ai appris que tu as dit au père à Lomé que tu
vas tuer Alexandre et nous avec lui. Est-ce vrai?" Et je lui
réponds: "J'ai dit au père que mon Dieu que je sers tuera tous
ceux qui me causent des problèmes". Et elle dit alors: "Dans
ce
cas,
ton
Dieu-là
est mauvais, il tue les gens, c'est un Sorcier lui aussi".
Et je lui réponds: "Si je suis un sorcier et mon Dieu aussi,
alors que viens-tu faire chez moi? Que viens-tu faire chez
les sorciers? Tu veux qu'ils te tuent?"
A
ces paroles je referme mon portail. Elle se rend alors vers
le second poartail, qui se trouve vers son nouveau domicile
qu'elle s'est construit avec la somme que je lui ai donnée.
Elle tape de toutes ses forces sur ce portail, en vociférant
aux oreilles de tout Pagouda tous les injures les plus abominables
de l'Univers, et surtout d'horribles mensonges aux oreilles
de tous, que je ne pouvais pas laisser dire. Je me rends au
petit portail pour rétablir la vérité dans les oreilles du
public qui s'est rapidement formé quand elle s'est mise à taper
et à crier. J'étais une fois encore tombé dans le piège, je
me suis laissé entraîner dans une confrontation que je faisais
pourtant tout pour éviter. Elle disait demandait à tout Pagouda
de me lyncher ma famille et moi, de nous lancer sans cesse
des pierres chez nous, du tuer le fou et le sorcier quelle
dit que je suis.
Il
faut être un Kabyè pour comprendre la gravité des paroles de
ce genre. Le milieu est un milieu très malveillant. Il ne faut
pas grand chose que quelqu'un cherche votre mort. Vous avez
simplement une voiture et pour cela vous vous faites mille
ennemis par jalousie. Le simple fait d'avoir construit notre
maison électrifiée au milieu de cases d'argiles fait de tout
le monde autour des ennemis, même si les gens vous sourient.
Les gens n'ont donc pas besoin qu'on leur disent de commettre
un meurtre pour qu'ils cherchent par tous les moyens à le faire.
Et si c'est la propre mère d'un homme qui demande à tous de
tuer son fils, c'est quelque chose de terrible! Là où il y
a une menace de mort, là aussi le Diable s'engouffre pour commettre
son meurtre, sachant qu'on pensera d'abord en premier à celui
qu'on a entendu proférer la menace.
C'est
la raison pour laquelle quand j'ai dit que je tuerais Alexandre
s'il touche à mes enfants,
le père demande : "Tu vas tuer ton frère
de quelle façon?" Et alors, il faut éviter le
piège caché dans la question. Je dis alors que c'est mon
Dieu qui tuera mes ennemis, et c'est vrai. C'est ce piège
aussi que je venais d'éviter avec la mère devant le grand
portail. Mais elle, elle appelle simplement au meurtre de
son fils (et même de sa femme et ses enfants), ce qui est
extrêmement grave. Comme elle me retenait de fermer le grand
portail pour me dire ce qu'elle avait à ma dire, elle me
collait de la même façon pour dire ces choses très graves.
Je la repousse alors d'une main et lui dit: " Tu
n'es plus ma mère, car une mère ne fait pas
à son fils ce que tu me fais. Ne
viens plus te présenter à la porte de ton fils, car tu n'as
plus
de
fils. Ton fils est mort. Tu l'as tué, tu l'a livré
à tous les sorciers de Pagouda, à tous ceux qui voudraient
le tuer. Si je suis encore vivant, c'est grâce à mon Dieu
qui me sauve."
En
faisant le geste de répulsion qui accompagna mes paroles, elle
perd l'équilibre et s'asseoit par terre. Puis un homme nommé
Jules la relève, elle ramasse des pierres pour me lapider.
Je referme alors mon portail, et pour la première fois de ma
vie, je décide de briser les règles du monde Kabyè qui m'empêchaient
jusqu'ici de porter plainte au commissariat contre ma propre
famille, comme eux n'hésitaient pas à le faire contre moi.
Je prends rapidement une douche, car cette jouxte verbale en
pleine chaleur me faisait dégouliner de sueur partout. Je demande
à ma femme
et à mes enfants de monter avec moi dans la voiture pour aller
nous plaindre les premiers au commissaire, avant que mes accusateurs
aillent dire n'importe quoi.
Au
commissariat, on nous dit que le commissaire fait une sieste,
qu'il faut revenir deux heures plus tard. Mais nous tenons
à attendre son réveil. Puis peu après le téléphone sonne. C'était
Alexandre qui appelait de Lomé pour parler au commissaire.
Mais pour lui, on réveille le commissaire, qui boit les paroles
d'Alexandre. Puis presque au même moment, la mère entre au
commissariat simulant la femme à l'agonie, tendant un commissaire
un certificat médical dont Alexandre lui a parlé au téléphone.
Nous découvrons alors qu'ils s'étaient arrangés avec un médecin
de Pagouda, le Dr Boukoulmé HAINGA, pour délivrer
un certificat médical de complaisance, confirmant les accusations
portées contre moi. A savoir que j'aurais frappé violemment
la mère, lui donnant plusieurs coups de poing qui l'ont fait
tomber par terre. Et une fois par terre, je lui aurais donné
des coups de pieds, la laissant presque pour morte. Je rejette
catégoriquement ces accusations, et je dis au commissaire
que bien au contraire, c'est nous qui sommes victimes d'une
provocation à notre domicile, et le prie de noter notre déposition
sur ce qui s'est passé réellement. Il refuse de prendre notre
déposition, faisant confiance à Alexandre et à ce que la mère
et toute la famille de Pagouda avec elle (donc Clarisse
évidemment) lui disaient. Voilà le genre de piège que je sentais
avec ces accusateurs, que j'ai voulu éviter le 19 avril 2006,
préférant expliquer le problème à l'Ambassade de France.
Quand
nous insistons pour que le commaissaire note notre déposition
pour provocation à domicile, il se décide enfin à le faire
près d''une heure et demi après. Mais au
lieu de noter ce que nous disons, il nous fait dire ce que
nous ne disions pas, il cherchait à nous faire confirmer ce
que disaient nos accussateurs. Il écrit une phrase du genre:
"S’est présenté devant nous monsieur
Abli-Bouyo, lequel reconnaît avoir exercé une
violence sur la personne de … " Evidemment nous ne pouvions
pas accepter une déposition avec des phrases pareilles. C'est
là où il s'énerve, et il ordonne de me m'enfermer en cellule.
Je passe les détails du genre de cellule dans lequel j'ai été
enfermé, l'humliation de la part des subordonnés du commissaires,
ainsi que les insultes, les rires et les moqueries de mes
accusateurs dehors ou devant la cellule. Je me suis agenouillé
sur le sol tapissé d'une couche d'urine et j'ai prié simplement
mon Dieu. Dans ces cas-là il ne reste plus que la prière au
Dieu qui a tout vu et qui sait ce qui s'est passé réellement.
Il
était question de s'organiser avec ma femme pour m'apporter
mes repas en prison. Le commissaire a fait ensuite des navettes
entre le commissariat et le tribunal de Pagouda. Puis à mon
étonnement, quarante-cinq minutes plus tard on me somme de
sortir de la cellule. Nous apprendrons plus tard que c'est
le président du tribunal qui a ordonné la liberation, en attendant
que le procès infirme ou confirme les accusations de la partie
civile, ma mère au premier chef.
J'ai
écrit au président du tribunal et à la gendarmerie aussi, demandant
de faire l'enquête élémentaire que le commaissaire n'a pas
faite. L'enquête ordonnée par le président du tribunal Kossi
FOLLY et effectuée par le commandant de brigade de gendaremerie
Madémota
BAWILA a révélé qu'il s'agissait d'un ignoble complot contre
un homme.
Les diables
de Pagouda et du Togo l'ont rêvé, et les diables de Verdun
et de France l'ont accompli!
Le
procès à Pagouda eu lieu en deux audiences, les
22 et 29 juin 2006, et le verdict fut donné le 13 juillet
2006. La partie civile, ma mère donc, étant la
porte-parole d'Alexandre et de Clarisse, demandait au président
du tribunal que je sois mis en prison pour une longue durée,
ou que je sois mis en asile de fous. Quant à ma femme,
il faut la renvoyer en France. Et quant à mes enfants,
Alexandre a tout fait en vain auprès de l'Ambassade
de France pour les récupérer. S'il avait réussi à me
faire condamner comme un fou qui frappe à mort sa propre
mère, cela pourrait convaincre l'Ambassade de satisfaire
sa demande. Mais les lois françaises et togolaises étant
ce qu'elles sont, il ne pouvait pas récupérer
aussi facilement qu'il le pensait des enfants togolais (car
de père togolais) mais aussi français (car de
parents de nationalité française).
Le
plan d'Alexandre parlait aussi de me mettre en asile de fou. Et
en réalité, il n'existe pas vraiment d'asile
de fous au Togo, sinon on n'aurait pas des fous qui circulent
partout au Togo comme
Célestin par exemple. Rien qu'à Pagouda,
j'en connaissais au moins une dizaine de personnes circulant
comme cela.
Et
la vraie question qui se pose n'est pas de savoir s'il faut
mettre une personne en asile ou non, mais
de savoir ce qui fait que des humains
deviennent comme
Célestin. Que les gens de l'espèce d'Alexandre
ou de Clarisse disparaissent de la planète et on
verra aussi qu'il n'y aura plus de fous dans le monde!
En tout cas
il n'y aura plus de fous du genre de Célestin.
C'est le genre de fou que je serais devenu à
Pagouda, si je n'avais pas des ressources cachées qui, même
au plus profond de l'abîme, m'ont jusqu'ici empêché
de franchir la ligne de l'irréversibilité,
celle au-delà de laquelle on ne revient plus en arrière,
mais on circule effectivement comme
Célestin. J'ai échappé à ce sort à Pagouda,
mais c'est en France que la suite de l'histoire s'écrit
maintenant.
Aujourd'hui
en 2011, cette
fois-ci en France, six
ans après les événements de Pagouda, le plan d'Alexandre
s'accomplit, mais à la manière de la France! Mes
enfants m'ont été enlevés par le Conseil Général de la Meuse,
pour les mêmes accusations!
Les
ressources cachées dont je parlais et qui m'ont jusqu'ici empêché
de franchir la ligne de l'irréversibilité,
c'est au premier chef le Dieu que
je sers, le Dieu dont je fais
la Science. Mais il y a aussi des ressources puissantes comme
par exemple l'amour d'une petite fille pour son père et l'amour
d'un père pour sa petite fille. Mais cet amour qui sauve un
homme au bord de l'abîme à cause des diables de Pagouda, est
que les diables de France vont exploiter pour détruire l'homme.
Les diables de Pagouda et du Togo on rêvé de séparer le père
et la fille, et diables de Verdun et de France l'ont fait.
Les uns ont voulu arracher les enfants à un père et à une mère,
et les autres l'ont accompli.